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Puy-en-Velay à Lascabanes : 15 ETAPES

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                                               artistes-musiciens-44-1.gif   (une belle musique pour ce départ)

C’est avec beaucoup d’émotion que je quitte l’appartement de Paris, sac à dos, déguisé en randonneur en direction du métro pour rejoindre la gare qui me conduira à Clermont -Ferrand, l’unique changement. Ensuite je prendrais un bus pour aller sur le Puy en car. Presque une journée de transport...quel début de chemin ! !

je suis ailleurs dans mes pensées tout le trajet, qui vagabondent entre mes enfants, ma vie et celle qui m’a soutenu, encouragé dans cette aventure. Un peu perdu, je cherche à relativiser la situation pour cet objectif mystérieux qui m’attend à partir du Puy.

Milles questions m’envahissent; qu’ai-je oublié ? suis-je bien préparé ? serais-je à la hauteur de ce projet ?  vais-je réussir celui-ci ? que vais-je apprendre ? que vais-je vivre ? que vais-je devenir pendant et après ?

Le temps passe....le métro roule... le train me berce...le bus me réveille...déjà quelques pèlerins sont là...chacun dans ses pensées....pas un mot...le silence...ça y est le bus s’arrête.....le point de non retour.... ON DEBARQUE...C’EST PARTI !

Je me rends pour ma 1ère nuit au gîte d'étape "Saint-François". Tout commence là, avec les premières rencontres, les premières impressions où l’on prend la température locale. On va prendre un verre à l’accueil pèlerins le Relais Notre-Dame, qui est un moment important pour faire connaissances avec les anciens qui nous reçoivent et les pèlerins que l’on croisera régulièrement. Le dîner au gîte et dodo...autant dire que la nuit fut courte...très courte...très ...très

1ère ETAPE : Puy-en-Velay à St Privat d'Allier - 24 km

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Le grand départ ! !

Réveil à 6h00 du matin pour la messe de départ à la cathédrale à 7h00. Un bon petit déjeuner, histoire de prévenir l’avenir...même si j’avais emporté, par prudence des évènements futurs, un VRAI saucisson, un VRAI fromage, du VRAI chocolat, des gâteaux, des fruits secs..etc...déjà je commençais à transporter une vraie épicerie avec moi. Un reflexe que je n’ai jamais perdu tout le long du chemin..on sait jamais...et pourtant mon sac ne fait que 10 kg.

Une messe émouvante, réservée à l’attention des pèlerins-randonneurs en partance pour Saint-Jean-Pied-de-Port ou pour Saint Jacques de Compostelle, dont je fais parti. Une messe pleine d’émotion, d’impatience et d’inquiétude...avec déjà quelques mots en plusieurs langues du "padré" local...ça commence, nous sommes bien sur un chemin international (Belges, Suisses, Allemands, Québécois, Italiens, Espagnols, Australiens, Polonais et bien sur beaucoup de Français)

La bénédiction des pèlerins, et nous voilà lâchés. Je quitte la cathédrale par son centre, descend quelques marches avec vue sur le village du Puy. Sur les pavés, d’une ruelle à une autre en suivant le balisage St Jacques, je me retrouve vite en dehors du village en direction de Lauzerte.

Une première côte...dur..un dernier regard avec une vue panoramique sur le Puy, et me voilà en chemin, avec une émotion immense, magique et merveilleuse. Des groupes se constituent, on fait connaissance, on papote, on passe d’un groupe à un autre groupe, c’est la bonne humeur, on oublie de faire attention au balisage et déjà 6 km en plus..zut ! (je ne me suis plus jamais perdu après cette erreur). C’est aussi le 1er test physique, ça va ! mais ce n’est que le premier jour...

Au gîte à st Privat d'Allier, un accueil familial et chaleureux, où le maître de ce lieux commence par mettre toutes nos affaires dans des sacs en plastique "poubelle". Cela pour éviter la propagation des punaises de lit. Un vrai fléau parrait-il ! Ce fut la première fois et la dernière fois où  j'ai été réçu de la sorte, dans une ambiance de guerre à la punaise ! D'ailleurs je n'ai jamais eu jusqu'à Saint-Jacques. Un dîner agréable et copieux dans une bon esprit, une première prise de contact avec le "monde" des pèlerins-randonneurs. Puis entre 9h30 et 10h00, la porte extérieure est fermée à clé et tout le monde au lit. Au secours ! Moi qui ai besoin que de 6h00 pour récupérer, comment vais-je faire pour dormir si tôt ! Mais heureusement ! les autres gîtes ne sont pas "Fort Boyard".

Après les massages, puis mon "reporting" téléphonique sur Paris, ma base logistique et affective, j'ai fini par m'endormir....

2ème ETAPE : Saint-Privat d'Allier à la Clauze - 27 km

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Réveil à 6h00 du matin, pour commencer la journée par un petit déjeuner d’ogre, on sait jamais et heureusement car avec nos kilomètres supplémentaires de la veille, tous les commerces étaient fermés. (un pèlerin nous a donné de quoi mangé pour midi, c’est l’entraide du chemin). Donc un froid de canard ce matin entre 0° et 10° degré, mais les montées et descentes ont vite fait de nous réchauffés et mis en forme. Nous avons cheminé en groupe dans ce paysage magnifique de "montagne", dans la bonne humeur grâce au soleil au rendez-vous.

Très vite on constate que le chemin est à l’image de la société où toutes les catégories sociales y sont représentées. Il y a de tout, des intellectuels, des baba cools, des catholiques  des introvertis, des extravertis, ceux qui savent tout et donnent des leçons, les assistés ou les indépendants, les pessimistes ou les optimistes. Cependant un point commun nous uni tous, "la quête du chemin". C’est ce qui fait la richesse de celui-ci, pour l'instant je marche qu’avec des Français.

les côtes et les descentes s’enchaînent de plus en plus dans un cadre superbe au prémisse de l’Aubrac où des groupes de niveau commençaient à se former en fonction des capacités physiques individuelles. Dans une côte de catégorie 8 sur une échelle de 10, j’ai alors rejoins d’autres pèlerins plus rapide pour très vite les quitter et vivre mon propre chemin... Après avoir rattrapé un Espagnol, avec lequel j’allais marcher plusieurs jours, laissant derrière moi tout le groupe de départ. Les contreforts de l'Aubrac font honneurs à leurs réputations, Magnifiques !

Le plus inquiétant est que je suis parti avec une ampoule, faîte deux jours avant mon départ et cette dernière commençe à être plutôt désagréable. En passant par Sauges, nous sommes arrivés au refuge des pèlerins de la Margeride, où nous avons retrouvé des pèlerins arrivés en stop pour causes d’ampoules (chacun son chemin!) Un cadre champêtre magnifique où nous avons pu déguster l’aligot, saucisses et fromages locaux arrosé d’un petit vin de la région. Après la lessive et les massages, je me suis endormi d’un sommeil de plomb. (PS: j’ai rencontré ici une Québécoise que je retrouverai 1100 km plus tard)

3ème ETAPE : La Clauze à Les Estrets - 32 km

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Départ 6h00, mais quelle surprise que de constater (avec plaisir) un superbe tapis de neige ce matin. Vive la montagne ! Par contre ça caille vraiment, entre -5° et -10°, mais éclairé des premiers rayons de soleil c’est magique. Nous voilà donc partis en direction du plateau de l’Aubrac, ce "fameux" plateau mythique de toute beauté où souvent le ciel y est capricieux entre pluie, neige et vent glacial, mais trois heures après nous y étions en chemise !

Nous progression de forêt en forêt, de colline en colline, de côte en côte..comme si ce plateau voulait nous dire qu’il faille gagner son chemin. Mais quel plaisir ce chemin, quel dépaysement où avec mon ami Espagnol nous avons conversé en Français et en Anglais avec beaucoup de simplicité, le tout d’un bon rythme. C’est là, que j’ai compris le sens du chemin à travers les rencontres où l’on peut parler de tout avec évidence car en confiance. Le même état d’esprit pour un même objectif dont les causes sont différentes mais qui rapprochent les pèlerins par l'effort physique des kilomètres "avalés".

Mon ami l’espagnol était physiquement beaucoup plus fort que moi, car marathonien et grand marcheur. Nous avons fait de petites haltes pour grignoter tout le temps, afin de ne pas perdre le rythme de notre marche. Mon ampoule me faisait terriblement mal à l’intérieur du talon inaccessible, moi qui n’en ai jamais eu et d’ailleurs se sera la dernière jusqu’à St Jacques de Compostelle, aussi, mon ami Espagnol compréhensif m’a aidé. Cependant je savais au fond de moi, qu’il me fallait ralentir pour essayer de soigner cette inaccessible ampoule qui m’affaiblissait moralement, d’autant plus que j’avais deux jours d’avance sur mon programme.

Nous cheminons vers le Sauvage, puis passons Saint-Alban sur Limagnole pour arriver à notre étape, gîte Les Estrets, où nous avons été accueillis chaleureusement dans un cadre superbe pour savourer au menu, notamment du sanglier.

 ecrivain-1.gif    le récit n’est plus l’écriture d’une aventure mais l’aventure d’une écriture

4ème ETAPE : Les Estrets à Nasbinal - 31 km

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7h00 départ. Avant tout, il est à noter qu’à notre arrivée à ce gîte hier soir, nous avons à nouveau rencontré des pèlerins arrivés en taxi et auto-stop pour cause d’ampoules ou de tendinites et apprendre qu’ils se suivaient d’étape en étape, pour se retrouver le soir ensemble (quitter sa famille pour reconstituer une nouvelle famille est surprenant, mais chacun son chemin)

Nous voilà donc partis vers des paysages qui se faisaient de plus en plus désertiques. A la première côte de se nom, mon ampoule c’est réveillée à nouveau, l’horreur ! Hélas je peux rien faire sur cette empoule profondément cachée dans la corne du talon. Il me faut être patient en faisant des enjambées plus petites pour éviter de taper du talon ! Quelle M.... ! car pour l’instant c’est un petit chemin de croix ! Mais quel paysage splendide, maisons, murets, chapelles tout en granite noir, dans un décor féérique. L'Aubrac est l'un des plus beau paysage de cette aventure.

Nous progressons à travers cette belle nature, où les conversations avec mon ami l’Espagnol se font riches et sincères; la vie, le passé, le présent, notre présence sur le chemin autant de sujets intéressants sans oublier, en pensée, ceux et celles restées sur Paris. Ces premiers jours sont pour moi de confirmer ma bonne condition physique et de comprendre le fonctionnement du chemin (organisation etc), Je vivrais plus tard ce temps personnel, lié à la réflexion quand à ma présence sur ce chemin de vie, mais le temps au temps..

Après avoir traversé l’Aubrac, Labros, les Quatres Chemins, Rieutor-d’Aubrac, nous arrivons à Nasbinal au gîte communal où il y aura lieu de faire sa bouffe. Finalement nous décidâmes d’aller à la ferme du coin pour un dîner dit "pèlerin", pour un repas complet équilibré avec les produits du terroir.

5ème ETAPE : Nasbinal à Saint-Côme-d'Olt - 33 km

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7h00 départ, prévue pour Saint-Chely d’Aubrac uniquement, pour protéger mon talon par une courte distance. Vraiment, je préfèrerais une vraie ampoule NORMALE ! Aussi, germait en moi qu’il me faillait trouver une solution radicale, pour arrêter de courir comme un lièvre blessé. Sans compter que je ne partageais pas le même objectif que mon ami l’Espagnol.

Les kilomètres défilent, en passant par Aubrac, La Croix de Bois, puis Saint-Chely d’Aubrac, de sous-bois en sous-bois par des sentiers étroits et abrupts, puis le lit d’une rivière (moins drôle) le tout à une altitude de 1200 m sous un soleil radieux, en n’oubliant pas de grignoter tout le temps. Compte-tenu de l’avance, l’Espagnol me propose d’aller jusqu’à L’Estrade persuadé qu’il y un gîte. Héls, l’avenir me donna raison, nous avons été obligés d’aller jusqu’à St-Côme-d’Olt. Ma décision est prise, son St Jacques n’est pas le mien et il me fallait reprendre mon chemin en main. Lui, veut faire 40 km par jour, moi non ! Aussi, je l’informai que j’irais le lendemain à la messe des Rameaux à Espalion.

Grâce à mon talon, je retiens qu’il me fallait par cette épreuve pour tester ma condition physique afin de percevoir l’esprit du chemin. Quant à mes capacités physique, je me suis surpris moi-même ! 30 km par jour c'est jouable ! Donc tout va bien !

A Saint-Côme-d’Olt, au couvent Mallet (Espace Angèle Mérici - donativo), nous nous sommes arrêtés pour la nuit pour une vraie chambre, avec des vrais draps et une douche immense dans un cadre magnifique. Le dîner.. boff ! après l’office du soir, nous avons regagné nos "appartements" pour sombrer.... 

6ème ETAPE : Saint-Côme-d'Olt à Estaing - 18 km

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           artistes-musiciens-44-1.gif (musique pour les nostalgiques)

8h00, nous voilà donc partis pour Espalion, sous un ciel prometteur qui annonce une journée encore ensoleillée. Rien que de savoir que je vais maintenant vivre mon chemin, me donna des ailes et comme par hasard, Dame Ampoule semblait moins faire des siennes aujourd’hui ! A Espalion, nous nous sommes séparés avec beaucoup d’émotion et chacun a pris sa route. (L’Espagnol m’a appelé toutes les semaines, jusqu’à mon arrivée à Saint Jacques de Compostelle).

Que de monde pour la messe à Espalion ! mais c’est ma première vraie messe depuis que je suis parti, en dehors des villages d’étapes qui proposent parfois des messes courtes avec une bénédiction, dédiée aux pèlerins de passage. Pas facile de faire conjuguer, le rythme de la marche avec les messes et quelle surprenante sensation, aussi, que de constater que je suis le seul pèlerin.

Me voilà donc seul, face à moi-même et mon chemin devant moi. Je ressens un immense plaisir, un bien être apaisant, une impatience mesurée. Je profite de ce moment pour flâner dans Espalion, mignon petit village où ce jour là toute la ville était en effervescence autour d’une grande fête. Un moment agréable, ou l’on croise de temps en temps des pèlerins ou des touristes pèlerins, alors, pour les uns on se croise, pour les autres on s’arrête pour papoter un peu, comme s’il existait deux familles différentes de pèlerin.

Après avoir pris mon temps assis au bord du Lot, pour apprécié un casse-croute de choix avec de la charcuterie du pays, je repris ma route sous un soleil de plomb. Là par contre se fut moins drôle car la chaleur ce n’est pas ma "tasse de thé". De Espalion, il faut regagner le plateau par une petite côte facile mais rendu désagréable par la chaleur, mais quel bonheur que de marcher seul. Ecouter la nature, lire la nature, lui parler, faire corps avec elle... le chemin commence à prendre forme... je ne sais comment décrire cette pénitude.... le chemin .... le chemin 

En passant par Bessuejouls pour la petite église romane superbe, puis à Beauregard, je suis arrivé au village féodal superbe, d’Estaing,  pour me rendre au gîte de l’Hospitalité Saint-Jacques (donativo). Une partie d’un ancien monastère discret à l’architecture magnifique, tenu par une  communauté avec quelques bénévoles. J’ai apprécié ce moment de calme et de silence, en dessinant la ville à l'aquarelle puis en écrivant mon carnet de route journalier. La visite de la ville étant faite, la lessive aussi, les massages également, nous nous sommes mis à table après l’office du soir. Par contre pour le dîner, il vaut mieux prévoir un repas dans son sac en plus ! Après avoir négocié une clé pour rentrer, on est ressorti le soir pour dîner dans un resto Italien....

7ème ETAPE : Estaing à Espeyrac - 25 km

 

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Départ 7h00 du matin pour éviter les grandes chaleurs, en passant par La Rouquette, Montégut , Golinhac, avec la moitié de route, dur pour les pieds mais mon ampoule n’est plus là pour me casser les pieds ! Sur mon passage j’ai rencontré un Allemand avec qui j’ai fais une partie du chemin, puis un Belge très sympa, dont l’objectif était de faire un reportage photo sur la région et enfin un suisse et bien d’autres pèlerins-randonneurs au long cours ! On se croise, recroise pour reprendre nos routes respectives.. c’est le chemin et si le feeling est au rendez-vous alors on chemine ensemble avec beaucoup de joie. Le partage, l'écoute et l'humilité devient naturelle... l'esprit du chemin bienveillant guide et fait grandir petit à petit votre raison d'être....

Partant seul et tôt, je suis souvent le premier sur le chemin, perdu dans la forêt, dans cette "montagne" par des sentiers discrets. Aussi, lorsque je marche sans bruit, j’ai la chance de voir les animaux se réveiller avec moi ; chevreuils, cerfs, sangliers, lièvres, renards etc..sont aussi surpris que moi ! C’est une vraie joie ce moment de solitude, où l’on a pour soi la nature avec ses habitants, dont on fait parti...

Je commence à prendre le rythme d’être seul et de marcher pour moi, pour le plaisir de l’instant. Que d’avoir ces moments de liberté pour rêver, pour penser au siens, à ceux qu’on à laisser mais qu’on emporte avec soi... un bien être s’installe petit à petit. On n’oublirapas le matin de téléphoner au gîte du soir, pour réserver sa nuit. Le chemin se fait tout seul, avec cette chance de maîtriser son temps, ce temps qui se déroule trop vite, mais d’avoir le temps au temps. Chaque journée et une journée nouvelle, des paysages aux rencontres, qu’elles soient connues ou nouvelles.

Je suis arrivé à Espeyrac, un village très étendu où il ma fallu chercher mon gîte. Finalement l’Accueil Soulié de Saint Jacques m’a reçu comme à la maison. Cet accueil familial chrétien avec le repas en famille était très simple et agréable. Après avoir participé à la vaisselle, j’ai regagné ma chambre, sans oublier les massages traditionnels. Je me suis endormi dans le calme et la paix pour cette belle journée passée.

  ecrivain-1.gif     L’aventure c’est le trésor que l’on découvre chaque matin

8ème ETAPE : Espeyrac à Noailhac - 23 km

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Départ 7h00 du matin, à la fraiche pour 23 km. C’est juste 4 heures de marche environ, ce qui laisse du temps personnel pour apprécier l’instant, dessiner ou écrire, voir se reposer pour une courte sieste au pied d’un arbre en attendant que le temps passe. Mais il ne passe jamais pour rien.. le rien sur le chemin ne veut rien dire, ici, il est tout.

Ce qui m’a également surpris depuis que je suis parti, est qu’à chaque village ou presque, au détour d’un sentier, d’une ferme, tout le monde vous salue. Des personnes âgées assises à l’ombre vous proposent de l’eau, de la nourriture, alors on reste pour entamer une discussion formidable de simplicité. Je me suis même vu proposer une omelette délicieuse à l’aube, soit des moments de vraie vie inoubliable. Comme j’avais le temps pour moi, alors je me suis arrêté des centaines de fois pour savourer ces instants si précieux, c’est cela le chemin. En tout cas, il est évident de constater que le pèlerin n’est pas un touriste, aussi, on reçoit avec bonheur, ces sourires, ces mots d’encouragements, ces questionnements qui font leur joie et la nôtre. A deux reprises, des caravanes, des voitures se sont arrêtées pour me proposer une aide.. Combien de fois on m’a proposé de me convoyer, combien de fois un signe de main du conducteur en voiture ou un appel de phare, un klaxon etc. Jamais je n’ai connu cela en Espagne, JAMAIS !

Le paysage est toujours aussi accidenté, dur ... dur, mais si beau. Un arrêt par ci , par là, un détour pour une chapelle ! Bref, je marche dans un sous-bois lorsque soudain apparaît en contrebas à flanc de coteau, le village médiéval de Conques, MAGNIFIQUE ! IMPRESSIONNANT ! qui ne manque pas à sa réputation d’être l’un des plus beaux villages de France, sans compter un haut lieu de la spiritualité catholique. Arrivé avec une Suisse, nous avons profité du charme de ce village pour grignoter une petite assiette de charcuterie locale puis faire tamponner notre crédencial, juste pour le plaisir du cachet.

J’ai repris ma route, pour rejoindre le plateau, une côte que de catégorie 9 sur une échelle de 10 (en tête de liste pour l’instant) "dur de chez dur" et en hauteur un zef à décorner les bœufs. En tout cas ma forme physique est bien au rendez-vous, quelle chance ! je m’arrête quelques minutes à la chapelle de Sainte-Foy au passage, où mes pensées vont à ceux et celles qui me manquent.....

Je m’arrête à Noailhac, pour la nuit au gîte communal pour faire ma popote chacun de son côté, malgré ma proposition de faire un repas en commun. C’est l'individualisme dans toute sa spendeur ou le "soi" comment par soi-même.....

9ème ETAPE : Noailhac à Montredon - 24 km

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Réveil à 6h00 comme d’habitude, pour apprécier seul le silence de la nature. Qu’il est agréable de partir tôt à la fraîche mais très vite la première côte me rappelle qu’on est sur le chemin. Une halte à la Chapelle St Roch, toute mignonette avec des matelas, des couvertures, du thé , du café, sucre, des gâteaux et un thermos, pour le pèlerin de passage qui serait pris de court à la nuit tombante. (Sachez qu'il y a toujours une personne possèdant la clé du monument religieux, pour visiter ou y dormir le cas échéant) J’en profite pour écrire un mot dans le livre d’or, puis reprend ma route heureux car en pleine forme physiquement.

En France 95° des églises, chapelles sont ouvertes, pour 5% en Espagne dont l'entrée est payante. L’esprit du chemin n’est visiblement pas le même pour tout le monde

Partant tôt le matin, j’ai le temps de parler avec les personnes du coin. Je pose leur demande systématiquement le meilleur itinéraire pour me rendre à ma destination. J’ai ainsi obtenu de nombreux raccourcis qui mon fait gagner beaucoup de temps, par des chemins plus sauvage, bien souvent correspondant au tracé initial du chemin. En effet, le GR St Jacques change régulièrement pour des raisons purement économique et passe dans les villages pour les faire vivre , s’écartant alors du tracé "historique". Je ne sais pas combien de km j’ai ainsi gagné pour fuir les routes, alors, n’hésitez pas, posez la question, les "locaux" seront tous heureux de vous aider, voir de vous accompagner.

Les kilomètres défilent et opte pour le chemin des crêtes plus calme et magnifique, évitant ainsi de descendre sur Decazeville qui ne présente aucun intérêt, sauf que d’avoir une côte importante à la sortie de cette ville. Je traverse donc, Peyrebrune, Agnac, puis Livinhac le-Haut où j’en profite pour renvoyer mes affaires de dessin sur Paris, acheter une petite terrine du coin, avec quelques fruits. Voilà ! la vie sur le chemin !!!! 

Après avoir laissé un petit message sur le livre d’Or de l’église, j’ai repris ma route en direction de Montredon. Je suis le seul Pèlerin dans les parages, pas un chat ! tout en sachant que le groupe de départ est derrière moi à plusieurs jours, appréciant cette situation de solitude très propice à la réflexion et à la méditation. Mais qu’elle belle région, où l’on sent par la nature et à travers les pierres, une France riche en patrimoine historique. Alors prenez le temps d’apprécier ce passage, qui est la plus partie du chemin jusqu’à St jacques, un avis unanime des nombreux pèlerins rencontrés sur le chemin.

J’arrive sur Montredon, en commençant par l’accueil des pèlerins au presbytère par une petit collation très sympa. Après avoir repris des forces, je suis allé quelques instants admirer cette église romane de toute beauté, pour rejoindre le gîte la Mariotte. Un accueil également très familial et chaleureux, qui ne reçoit que des pèlerins. En effet, ce jeune couple qui a fait le chemin en entier, a décidé de s’installer sur le chemin pour vivre celui-ci à travers son accueil. Formidable, comme à la maison , où nous avons pu découvrir le stopfish (purée Parmentier avec du maquereau fumé), une spécialité locale délicieuse.

Après avoir préparé mes affaires pour le lendemain, lavé mes affaires puis terminé mes massages traditionnels, je me suis glissé dans des vrais draps pour rejoindre Morphée.

10ème ETAPE : Montredon à la Cassagnole - 30 km (1/3 de la france, 252 km)

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Départ 6h00 à la fraîche, pour prendre la direction de La Cassagnole en passant par Figeac. J’ai très mal dormi et ne sais pourquoi.. très vite je constate que j’ai les jambes lourdes, inhabituellement très lourdes.. que se passe t-il ? Est-ce le deuxième souffle ?

Le passage des pèlerins est présent tout le long du chemin. En effet, on retrouve des croix faîtes de bout de bois partout. Le présence de l’esprit est là, sur les grillages, sur les bas-côtés, sur les arbres, par des cailloux sur le sentier, des gravures sur les rochers.. Un appel à la méditation plus prononcé sur cette partie chemin, comme si celui-ci nous envoyait des signes où une petite voix pourrait nous dire discrètement "rappel-toi tu es pèlerin" Mais, je suis fatigué ! je ne comprend pas, alors que ma condition physique est de plus en plus performante, j’ai du mal à marcher, mon rythme n’est pas correct, le pas est lourd et sans assurance, le sac de 8kg semble plus lourd que d’habitude, le plaisir de marcher semble m’avoir quitté. Je n’y arrive pas, même si les kilomètres défilent, c’est pas facile. Sur les conseils d’un agriculteur du coin, je rabiote quelques kilomètres qui s’avère être une vraie galère car au bout ce raccourcis, le sentier est barré pour cause de travaux à l’explosif, donc demi-tour après avoir gravis une côte difficile. Je n’avais pas besoin de cela aujourd’hui, par contre, la pluie annoncée n’est pas au rendez-vous, une chance !

Je passe par la Chapelle  de Guirande, file sur Saint-Félix, passe Saint-Jean Mirabel (raccourcis) et rattrape une française lourdement chargée, en autonomie totale dit-elle ! une pure folie, car son sac faisait environ 17 kg.  Nous faisons un bout de route ensemble, cela m’a fait de la compagnie compte-tenu de ma forme physique car marcher à deux était plus facile. On papote, le temps passe plus vite dans cette partie de paysage qui n’est pas la plus belle. Figeac ! 30mm d’arrêt, le temps de visiter quelques monuments historiques, dont la cathédrale, de déjeuner sur le pouce puis de savourer une glace (espérant qu’elle me remonte le moral). Mais si j’avais su ce qu’est la ville de Figeac, je l’aurais évité en passant par la variante, le GR6A

Enfin, cette pèlerine souhaitait que je reste sur Figeac afin de faire un bout de route demain ensemble, mais finalement j’ai repris ma route sous un soleil de plomb en direction de La Cassagnole. Mais que c’est dur de marcher ! alors que je n’ai rien (d’ailleurs je n’ai eu aucune blessure jusqu’à Saint Jacques de Compostelle, après mon ampoule), oui je n’ai rien et je suis cassé ! cassé ! donc les kilomètres je les compte !

J’arrive sur la Cassagnole, un village étalé sur des kilomètres qui n’en finissent plus.. mais bon sang ! où est ce foutu gîte ? Je rattrape un marcheur qui en était à sa première journée. Alors que nos affinités semblent opposées, je m’accroche à lui que je considère secrètement pour l’occasion, être mon lièvre. 

La Cassagnole, Gîte et chambre d’hôte Rando-Etape chez Jésus. Un personnage sur le chemin qu’il ne faut pas rater, tant par son accueil, le cadre et son organisation, repas y compris. Super ! Beaucoup de monde à ce gîte, quelques connaissances, ainsi que des pèlerins connus blessés, qui continuent les étapes en taxi ou en bus, pour ne pas s’arrêter et se retrouver le soir en groupe. Surprenant chemin ....

11ème ETAPE : La Cassagnole à Saint-Sulpice - 33 km

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Départ 6h00 du matin, pour la vallée du Célé en direction de Grengues, finalement pour finir à Saint-Sulpice. En effet, je ne souhaitais pas prendre la voix classique par Cajarc, un peu l’autoroute et aussi pour ne pas être avec le groupe de départ, sans compter que ce chemin à la réputation d’être splendide. Et vraiment, je ne l’ai pas regretté !

J’ai attendu, un jeune suisse de 23 ans, parti du Puy avec qui j’ai marché jusqu’à Béduer où nos routes se sont séparées, lui pour le sud (Cajarc) moi pour le nord (le Célé). Un moment agréable ensemble, d’un bon pas, ce qui n’était pas désagréable compte-tenu de ma forme la veille (J’ai appris plus tard que ce jeune avait arrêté à cause de tendinites. D’ailleurs, j’ai constaté sur le chemin qu’il y a beaucoup de blessures, notamment chez les jeunes qui ne savent pas contrôler leur rythme, et qui finalement restent très fragiles sur le plan musculaire)

Me voilà parti en direction de la vallée du Célé, mais que de constater que ce n’était pas encore la pleine forme physique. Ce n’est pas encore aujourd’hui que je vais courir ! Quelle surprise que de constater ce cadre magnifique au prémisse du Célé. Le deuxième plus beau paysage du chemin, un avis très partagé par les rares pèlerins qui l’ont pris, car beaucoup plus long en kilomètre. Cette vallée est splendide avec sa rivière encaissée surmontée de falaises, où l’on chemine sur des sentiers étroits qui la surplombe, c’est vraiment ravissant. La fatigue, dont je ne sais la cause, s’évapore quelques heures pour apprécier cet environnement, traversant des villages dont les maisons sont accrochées aux falaises, le tout avec le Célé qui vous berce par son rythme.

J’ai traversé les village de Boussac, Corn, Sainte-Eulalie, Espagnac pour arriver à Brengues où je devais passer la nuit. Là par contre mauvaise surprise, le gîte est fermé pour travaux m’obligeant d’aller à "St Sulplice", soit 8 km de plus et un total de 33km non prévu. Bref ! pas le choix, let’s go ! et heureusement que j’avais de la nourriture sinon , pas un commerce sur mon passage. J’arrive à Saint-Sulpice, idem, gîte fermé pour cause de travaux ! L’histoire est trop longue à raconter. En deux mots, "tout" le village c’était réunis devant moi avec en tête la conseillère municipale, bien décidé à ne pas bouger tant qu’ils m’auraient pas une trouvé une solution.

Finalement, madame la conseillère, adorable, a tout fait pour trouver une solution. Mais quelle solution ! j’ai été installé dans la salle des fêtes, avec couverture, matelas avec une vue imprenable sur la vallée. Magique moment sur cette hauteur, au pied de la falaise, seul dans mon "nid d'aigle" perdu dans mes pensées, rassuré où j'ai pu accompagner le soleil qui disparaîtra petit à petit de cette vallée du Célé. La providence, merci St Jacques ! après une bonne bouche, un repas au restaurant des motards, le passage de la conseillère pour me demander si tout allait bien, mon massage habituel, je me suis endormi comme un loir.

ecrivain-1.gif   Va toujours par le chemin le plus court, et le plus court est le chemin tracé par la nature.

12ème ETAPE : Saint-Sulpice à Cabreret - 19 km

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7h00 départ de St-Sulpice à la fraîche et sur les recommandations du patron motard du restaurant, me voici parti en direction de Cabreret avec quelques petits raccourcis en poche, bien judicieux. Ah ! j’oubliais, dans cette "foutue" vallée, le réseau téléphonique portable ne fonctionne pour ainsi dire pas, alors ne perdez pas espoir, il y aura toujours une bonne âme pour vous proposer un fixe au cas où.

Le paysage est toujours aussi magnifique dans cette vallée enchanteresse, en dehors du fait que je reste encore fatigué depuis deux jours. Enfin, je relativise car si je regarde les autres pèlerins, je suis plutôt en forme.. mais cela ne m’amuse pas. Mais j’ai gagné 1 heure grâce à de précieux conseils, au lieu de suivre le sentier des crêtes comme convenu. C’est de l’art en matière de topo ! quant au temps il est vraiment hésitant, aussi, ce sera l’occasion de tester mes vêtements de pluie ultra léger en Goretex.

Chemin allant, j’arrivais à Marcilhac sur Célé, un joli petit village avec son château coupé du Célé et ses maisons accrochées à flanc de falaise. A Marcilhac, j’en profite pour faire quelques provisions, prendre à café au bar du coin où s’engage une conversation avec les autochtones et apprendre que l’itinéraire d’origine passe le long du Célé sur la rive opposé. Allez ! Partons à l’aventure du chemin dans son histoire. En effet, après avoir traversé le Célé à Marcilhac, je suis l’ancien chemin d’halage, peu entretenu mais praticable pour l’aventurier que je suis. Mais très vite je suis coincé face au Célé avec aucun autre passage. Alors que je m’apprêtais à me mettre à l’eau, un agriculteur est arrivé pour me dire qu’au pied de la falaise existait l’ancien passage. Ouf ! Car l’eau était surement très fraîche, aussi, je regagnais le chemin en direction de Cabreret, rassuré d’avoir échappé à un bain forcé et même les trois quelques gouttes de pluie, n’ont pas suffit pour se rafraîchir de ce temps si lourd.

Finalement, je suis arrivé à bon port à Cabreret (très touristique et trop business), encadré de maisons accrochées sur la falaise et dont le cœur du village se trouve sur les hauteurs de la vallée. Un impressionnant château vous accueille ainsi qu’une église fermée..la première ! Faute de réseau téléphonique et grâce à mon soutien parisien, j’ai pu avoir une place au gîte communal où après avoir fait les courses, je me suis lancé dans de la cuisine. Le réconfort du pèlerin, surtout que depuis deux jours ce n’est pas la forme physique, sans compter les derniers déboires de parcours. Saint-Jacques ne m’épargne pas en ce moment.

13ème ETAPE : Cabreret à Pasturat - 18 km

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       artistes-musiciens-44-1.gif (musique de "la conquête de l'ouest" de la France")

Départ 7h30. Je me lève en pleine forme ce matin avec une grasse matinée. Tiens ! y aurait-il du changement dans ma condition physique ? bref, je pars en direction de Pasturat sous une température estivale. J’ai opté pour des distances plus courtes pour retrouver le vrai plaisir de marcher. 18 km aujourd’hui, tout simplement parce qu’on m’a recommandé encore un raccourci. De ce côté là, le cerveau fonctionne bien, reste plus que les jambes à retrouver et entendre notamment, mes enfants injoignables.

Il fait un temps magnifique et je commence ma journée par une côte de catégorie 6 sur 10, pour passer d’une vallée à une autre, celle du Lot. Des paysages toujours aussi beaux, perdus sur les hauteurs où des chevreuils jaillissent de tous les côtés. Cette côte ne m’a laissé aucune séquelle, tient ! tient ! il semblerait que la forme revienne ! ouffff ! car très vite je sens le rythme revenir d’un pas léger et plus assuré. Le cœur fonctionne bien, l’esprit en alerte, le poids du sac s’oublie, j’apprécie marcher avec même une envie de courir. Mais je sais que ce n’est pas encore la pleine forme, car le doute est encore dans ma tête. Par un chemin à flanc de falaise surplombant le Célé, très dangereux car à moitié effondré, j’arrive au village de Bouzier. Une ravissante chapelle m’accueille en guise de dimanche de Pâques, une maigre satisfaction mais c’est le chemin.

En quittant Bouzier, une autre petite côte m’attend de catégorie 4 pour admirer la vue superbe sur le Lot en contrebas. Un instant de calme, de silence où je m’arrête un instant pour grignoter quelque chose et sculpter mon bâton de pèlerin avec soin et imagination. Un moment très privilégié que je vais rééditer dans l’esprit du chemin qui est de pas oublier de penser à soi. En redescendant de mon repère pour rejoindre Pasturat, je croise un pèlerin, bien mal en point, avec les pieds en sang par des ampoules. Aussi, j’ai fais tout mon possible pour le soigner, lui faire part de mes recommandations et j’ai repris ma route (j’ai retrouvé celui-ci à Saint-Jean-pied-de-Port en pleine forme, après s’être arrêté quelques jours et pris le bus).

Tout se déroule sans encombre, à la fraîcheur du sous-bois qui encadre le Lot en direction de Pasturat. Là aussi, j’ai voulu couper le trajet mais cela à failli mal finir, sauver par un paysan du coin qui m’a indiqué le passage initial. Tout fini bien, mais j’ai hâte d’arriver pour me reposer. Aussi, je prend mon temps d’un pas régulier et plus lent pour cheminer vers mon objectif, en ne manquant pas de prendre des photos pour graver cette aventure.

Pasturat, petit village pittoresque perdu sur les hauteurs de la vallée du Lot. Arrivé en avance, une petite sieste à pied d’un arbre me permet de récupérer et d’écrire mon journal de marche. A ce gîte d’Etape Chez Jacques et Anne-Marie, très chaleureux, arrivent trois familles complètes. C’est dans une ambiance formidable que j’ai passé une soirée plus qu’inoubliable... en attendant de les retrouver sur Paris.

la lessive, les massages habituels, la préparation de chemin du lendemain, puis dodo sur cette soirée et repas délicieux.

14ème ETAPE : Pasturat à Cahors - 21 km

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Départ 7h00 à la fraiche car avec ce soleil "meurtrier" les pieds vont exploser par la chaleur. Mais bon la forme revient petit à petit, tout est psychologique, donc une question de motivation. Encore une fois je croise mes amis les bêtes, chevreuils et sangliers... avec de temps en temps un petit coup de frayeur, car ils partent à mes pieds. Je me dirige vers la vallée, pour suivre le Lot jusqu’à Cahors.

Là, d’un seul coup le paysage change très rapidement pour apercevoir les plaines maraîchères en bordure du Lot où le flot de pèlerin se fait plus important, ces derniers arrivant par l’itinéraire principal. Finalement j’étais bien, perdu dans ma petite vallée du Célé. On se dit bonjour, on ne se dit pas bonjour ! tout dépend des personnes rencontrées. En effet, il est regrettable de constater que le salut est vraiment lié à l’esprit dans lequel on fait le chemin. Alors vous avez 4 catégories de "pèlerins" (souvent ceux qui portent une coquille st Jacques à leurs sacs, ce que je n’avais pas):

- les "vrais" pèlerins, ceux qui viennent de loin, comme on les appelle. Là ! pas de problème et bien au contraire on va se chercher pour faire connaissance et bavarder un peu.

- les "vrais" pèlerins, ceux qui font des marches de 15 jours, car leur emploi du temps ne leur permet pas de faire plus, mais qui ont l’esprit du chemin.

- les pèlerins "assistés", qui font en général des distances moyennes, défilent en tenue dernière mode, mais qui se font transporter leurs affaires (ce que je comprends pour les personnes beaucoup plus âgées)

- les pèlerins "touristes" ceux là paradent en tenu tip top, sont sans gêne et se font remarquer sans arrêt.

en fonction des personnes que vous rencontrez, alors vous avez, soit un "bon chemin" pour les purs, soit "bonjour" ou rien. Alors, au bout d ’un moment vous faîtes comme tout le monde, c’est triste ! car après quelques kilomètres, vous avez vite fait de reconnaître de loin, le vrai du faux, par la dégaine ! (rire). Plus je m’approche de Cahors et plus il y a du monde sur le chemin, sans compter les pèlerins en vélo. Nombreux sont-ils, souvent en provenance de Hollande, de Belgique et bien sûr de France. En bordure du Lot la chaleur est acceptable et j’ai en vu Cahors, la plus grande ville que je vais rencontrer jusqu’aux Pyrénées.

A Cahors, après avoir fait le tour de la ville (boff ! sauf le pont médiéval) je vais au gîte des Jacobins, tenu par des anciens qui ont fait le chemin dans son entier. Formidable, accueillant, chaleureux, une bonne table et plus Serge, le maître des lieux, possède une guitare..Cela me manquait ! Je retrouve à ce gîte de vieilles connaissances. Ceux qui font le chemin plus ou moins en stop à cause de blessures, ce qui ne doit pas être drôle pour eux, et ceux qui les attendent.

15ème ETAPE : Cahors à Lascabanes - 23 km

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6h00 debout car il va faire très chaud en direction Lascabanes, par Labastide-Marnhac et Trigodina, en traversant le Lot par le magnifique pont romain en sortie de Cahors. Là ! par contre, une montée sévère par un escalier, taillé dans la roche, nous accueille froidement à la sortie, dur ! dès le matin.

Beaucoup de pèlerin sur ce passage, connus ou non connus, mais tout ce petit monde grimpe pour rejoindre le plateau des Causses. Cette montée fait le tri ! des groupes se reconstituent à nouveau. Je propose de porter les affaires aux blessés qui ont refusés, dommage ! J’arrive seul en haut, sous un agréable sous-bois accompagné d’un petit vent frais. Plus d’une semaine à marcher seul, je traine les pieds avec l’espoir de marcher aujourd’hui avec un pèlerin. Personne.. personne.. je décide de continuer ma route seul et rattrape un belge plus âgé. Nous cheminons ensemble jusqu’à un  carrefour dans les bois effectivement très mal indiqué mais  nos avis étant opposé, je pars de mon coté et lui du sien (je le trouverai le soir, où il m’a confirmé que son chemin était une erreur. Là aussi, en topo, les rumeurs m’ont survie sur le chemin)

Tout va bien, je suis calme, apaisé et confiant de mon trajet car avant de prendre cette décision, j’ai vraiment pris mon temps. Ce plateau est un nouveau paysage, très beau où le sous-bois faisant place à de la céréale,  (un peu la Messeta en Espagne) m’amène à la réflexion. Cela va nettement mieux, ma condition physique revient à niveau.. c’est pas trop tôt, alors que je n’ai aucune blessure j’ai envie de profiter de cette avantage pour prendre encore plus mon temps, écrire et méditer un peu.

Donc tout va pour le mieux mais absorbé dans mes pensées, j’ai failli marcher sur une couleuvre. Je rejoins un couple qui "dans l’expression qui va lentement va surement" marche tranquillement. Très vite nous sympathisons et d’un même humour, passons un bon moment plein de vie et de rire, Notamment avec leur histoire de serpent. En effet, prêt à repartir après leur pose déjeuner, Béatrice, ramasse son imper sur lequel elle était assise et il en sort un serpent. Nous avons fait quelques kilomètres ensemble pour se quitter avec regret, nos objectifs d’étapes étant différents (je les retrouverais plusieurs jours après).

J’arrive à Lascabanes en début d’après midi, souvent plus tôt que tout le monde pour apprécier le calme d’être le premier pour la sieste dehors ou dans le gîte. Un moment très privilégié où j’ai déjà pris ma douche et lavé mes affaires, quand arrive alors le "flot" de pèlerins. Parmi eux beaucoup de personne qui sont partis ce matin en même temps moi, ainsi que le Belge avec qui j’ai marché, mais la différence, est que la majorité s’est plantée à ce fameux carrefour dans ce sous-bois en sortie de Cahors. Tout le mode raconte sa version.. etc, à table autour d’une bonne bouteille d’un vin du coin et d’un bon repas dans une cave voûtée, à savoir un ancien presbytère accolé à l’église.

re-massage...et dodo !

(Lascabanes à St-Jean-Pied-de-Port pour les étapes suivantes)

 

ecrivain-1.gifLe moment présent est la piste désignée à tout nouveau départ !

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Commentaires (6)

Noss Dominique
  • 1. Noss Dominique | 08/03/2015
Re bonjour Marc

Je reviens à toi au sujet du parcours que tu as fait.J'ai l'intention de parcourir la voie du Puy en mai juin Je m’aperçois qu'il y a plusieurs itinéraires ; est ce une variante ?
A partir d'Espeyrac tu ne vas pas vers Conques mais vers Noailhac.. pour rejoindre Cahors par la suite
alors que le GR 65 passe par Conques; une étape mythique il me semble sur ce chemin...
Merci d'éclairer ma lanterne à ce sujet
Bien cordialement
Dominique
Deschamps Miriel
  • 2. Deschamps Miriel | 03/01/2015
Bonjour et bonnes année
de vous lire donne envie et cela motive !
je compte partir le 13 Avril avec un copain du Puy en Velay d'une seule traite jusqu'à Compostelle ! le seul HIC c'est qu'il faut que je soit chez moi Aix en Provence le 23 Juin , je ne sais pas si ce sera possible !
enfin on verra !
au plaisir de vous lire !
Françoise
  • 3. Françoise | 16/03/2014
Bonjour,
merci pour tes paroles. j'envisage de partir du 27 aout au 27 sept 2014
je pense être un peu juste au niveau du timing pour arriver à st jean pied de port avant le 25 sept. Le temps de rentrer à Paris et de reprendre l'avion pour l'ile de la réunion.
J'envisage donc de faire un tronçon par bus et je ne sais pas lequel (entre le puy et st pied de Port)?
Que me conseillez vous?
merci de votre retour.
A bientôt
Marc de Villoutreys
  • Marc de Villoutreys | 16/03/2014
Bonjour Françoise, Pour ma part Il y a beaucoup de plus de belle région en france, plus calme, plus sauvage, plus typique par région qu'en espagne, qui reste agréable cependant,, que vous dire,, toute la première (250km) partie du Puy en passant par l’Aubrac, est à ne pas rater puis les 200 dernier km avant d'arriver sur st-Jean et superbe,, si j'avais à faire une impasse, ce serait dans la région avant-après moissac,,,jusqu'à cahors (avant-après, malgré le plateau des causses magnifique) voilà,,il y a plus de région à éviter en espagne qui représente aucun intérêt avant Burgos jusqu'à leon (sachant qu'entre les deux il y la messeta typique mais sans plus,,, mais ne pas rater jusqu'à pamploune, et après Léon les 300 derniers kilomètres avec d'arriver a st Jacques a ton service, et bon chemin,, a bientôt
Xavier
  • 4. Xavier | 04/01/2013
Bonjour Marc,
Tout d'abord bonne année, bonne santé et beaucoup de beaux projets.
Comme vous l'avez fait en 2011, je souhaiterai également partir du puy en velay (dernière semaine d'avril 2013 ) pour un peu plus de trois semaines. Je me pose cependant des questions sur la traversé de l'Aubrac et de Nasbinals à cet époque notamment sur la présence de neige et de températures fraiches. Toujours concernant les températures avez-vous emporté bcp de vêtements adaptés aux différentes températures rencontrées ( bcp de variation t° = bcp d'habits = sac plus lourd)
Merci pour vos conseils et merci pour votre beau site.
Marc de Villoutreys
  • Marc de Villoutreys | 07/01/2013
bonsoir Xavier, merci, tous mes voeux 2013, bonheur et santé à toi et tes proches. Tu trouveras dans le module PREPARATION GENERALE, l'ensemble de mon équipement utilisé en avril. Quant au froid et/ou neige, pas facile à dire car j'ai eu cette année là de la chance, avec 1cm de neige et la traversée de l'Aubrac en chemise (lire RECIT). Cependant, à ta période, je te confirme que je reprendrais le même équipement, idéal en poids et protection comme présenté, avec en plus un parapluie (60g génial). N'hésite pas à me contacter, puis t'enverrais mon tel si tu souhaites plus d'info de vives voix. Amitié. Marc

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