Lascabanes à St-Jean-Pied-de-Port : 15 ETAPES

16ème ETAPE : Lascabanes à Lauzerte - 28 km

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                             artistes-musiciens-44-1.gif (musique d'ambiance)

Départ 7h00, après avoir laissé derrière moi les amis pèlerins retrouvés hier, je quitte le gîte en premier à la recherche du silence du matin. Un instant privilégié que je conserve précieusement chaque jour. Mais quel bien-être à l’aube des premiers rayons de soleil, où l’esprit se réveille aussi.

Les pèlerins surpris me voient partir dans la direction opposé du GR. En effet, j’ai remarqué que la route monte calmement à flanc de colline, au lieu d’une côte coriace par le GR. Choix tactique judicieux, confirmé à plus tard par des amis. Donc me voilà parti en solitaire aujourd’hui, avec l’objectif d’aller jusqu’à Lauzerte, un superbe village féodal.  Très vite je me suis surpris que le plaisir de marcher fût au rendez-vous, et d’un bon rythme je me rends à la chapelle Saint Jean, pour m’y arrêter un instant. Là aussi, matelas, oreillers, bouffe de secours avec plaque chauffante, sont à la disposition des pèlerins en cas de nécessité. Un petit message sur le livre d’Or et je reprends ma route.

J’ai appris, beaucoup plus tard par des amis parti du Puy, qu’ils me suivaient à la trace. En effet, avec plusieurs jours d’avance et ayant choisi des itinéraires différents que la voie classique, les livres d’Or étaient leurs repères pour connaître ma position...

Aujourd’hui, une biche ! la première depuis que je marche, qui m’a foutue une trouille bleue car elle est partie à deux mètres de moi.. j’ai cru que mon cœur allait lâché, pas de frayeur mais de surprise. Derrière moi des amis adorables, au rythme différent, me suivaient de quelques heures. Aussi, pour l’humour du jour, je laissais sur mon passage des petits messages (carrefours ambigus, raccourcis etc), comme le petit Poucet. Ce qui a donné une bonne ambiance le soir au gîte, car certain des messages étaient...chutes ! ! Compte tenu des astuces topos, j’ai gagné beaucoup de temps pour flâner un peu, discuter avec des paysans du coin, accompagner un moment un pèlerin seul puis rattraper un couple retraité de Narbonne avec qui j’ai fais un bon bout de route, à savoir jusqu’à Lauzerte.

Avec ces derniers, j’ai passé un agréable moment, sympa et sincère, dans la bonne humeur à parler de tout et de rien (sur le chemin on ne parle jamais de rien  !) dans un cadre superbe en suivant des petits sentiers très étroits, accidentés en sous-bois. Et, heureusement car il fait très chaud. Régulièrement, derrière moi, j’entendais la femme gémir et visiblement elle souffrait des pieds car le la voyais grimacer. Discrètement j’en informe son mari qui ne semble pas en être affecté... 30mm 1h00 j’insiste 2h00 de marche, finalement je prends les choses en main, arrête le couple, soigne les pieds de madame, quelques recommandations pour le futur et nous reprenons la route après un bon "casse-dalle".

Lauzerte magnifique ! pour me rendre au gîtes Les Figuiers. TOP ! je vous conseille de vous y arrêter pour l’accueil, pour le cadre superbe, pour les chambres formidables, pour le dîner qui paraît-il est délicieux mais ce soir c’est la popote avec le groupe de ce matin, arrivé bien plus tard. Drôle d’ambiance avec celui-ci, je ne me sens pas à l’aise, une fratrie étrange !

Bref ! Massage et massage des cuisses et des pieds puis dodo.....

17ème ETAPE : Lauzerte à Moissac - 26,3 km

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Départ 7h00 avec une Suisse-Allemande très sympa, rencontrée la veille au gîte qui est une très bonne marcheuse, la seule différence se faisant dans les côtes où là j’ai un sérieux avantage. Nous cheminons donc ensemble sur un bon rythme en appréciant le paysage vallonné, recouvert de bois ce qui n’est pas inutile compte tenu du soleil à venir. J’étais en pleine forme et avec beaucoup de facilité, mais les 15km de goudron a toujours raison de nos pieds. Tout est une question de temps, pour qu’ils prennent feu dans les chaussures. Mais il faut reconnaître que ces conditions de température ne sont pas le top pour les pieds, et bon nombres de pèlerins ont eu beaucoup des problèmes par des ampoules et  plus grave, des tendinites. J’ai eu de la chance car je n’ai jamais rien eu. Entre deux conversation, le silence puis quelques réflexions notamment sur le groupe d’hier soir, cette fratrie étrange, où personne ne peut marcher seul ! ce chemin est vraiment riche d’enseignement.

On sent quand même que le paysage s’appauvrit pour laisser place à de grandes plaines céréalières et aux vergés, souvent traversées par des routes. Cette partie de France est la moins intéressante car usante. Pas de gibier aujourd’hui, tiens ! je ne dois pas être le premier à passer. Nous rencontrons plusieurs pèlerins, et chacun avec ses connaissances, cela fait beaucoup de monde, sans compter les nouvelles têtes qui arrivent. Nous côtoyons les uns et les autres, nous arrêtons un instant, nous apprenons à nous connaître encore et encore, le tout simplement pour le plaisir, car tous viennent de loin. Le chemin est petit, toujours très petit pour ceux qui viennent de loin, une petite famille, un club très fermé où les initiés savent se reconnaître, s’apprécier ou pas mais ce monde est petit, tout se sait. Comme mon histoire d’avoir voulu traverser le Célé à la nage, cela a fait le tour même auprès de ceux qui ne m’avaient jamais rencontré (J’ai beaucoup d’anecdotes comme celle-ci, marrantes et surprenantes, vécues tout au long du chemin).

Donc cette petite famille se suit, plus où moins, un groupe se forme puis se brise ponctuellement pour se reformer plus tard avec les mêmes ou avec d’autres, pour constituer un autre groupe. Marchant seul depuis longtemps, je n’ai pas un groupe mais plusieurs groupes, je n’ai pas une connaissance mais des connaissances, je passe de l’un à l’autre avec plaisir, on se voit aujourd’hui, peut être demain ou dans quatre jours.. seul le chemin le sait ! J’ai l’avantage de choisir avec qui je veux marcher si feeling il y a, étant physiquement plus entraîné. Je décide donc et me mets au rythme de la personne avec bonheur, pour partager un moment de vie. Ces moments qui font le chemin, où à travers les conservations, beaucoup de réponses à nos questions s’y trouvent car chacun à son vécu, son expérience, sa vision..etc.

Des Suisses, des allemands, des personnes de Narbonne, de Paris, de Nantes, de Rouanne, de Marseille, du Québec, de Savoie et j’en passe, sans oublier des Polonais, des martiniquais et des Italiens Bref, c’est passionnant !

On arrive au gîte de Carmel à Moissac, perché sur les hauteurs avec une vue imprenable, juste au pied de la Vierge qui surplombe la ville. Un cadre magnifique tenu par des hospitaliers (bénévoles) dont l’accueil est chaleureux, simple et plein de vie. Je retrouve ici des amis, de vieilles connaissances qui m’ont motivées à suivre des chemins différents, quelques uns des auto-stoppeurs pèlerins rencontrés au départ (Personnellement, après des centaines de km comme ça, il y a longtemps que je serais rentré chez moi, mais chacun  son chemin parait-il !).

Je n’ai pas pris le temps de visiter Moissac en dehors de la cathédrale. La flemme ! j’ai fais la sieste et savourer le temps qui passe, aussi, parce que j’avais les pieds en feu. Je n’ai jamais autant massé mes pieds, peut être 15 fois dans l’après midi, voir plus. Après un bon repas, bien arrosé donc animé autour d’une belle tablée, j’ai regagné mon lit où le sommeil tardait à venir grâce un Flamant et un français-Québécois, en pleine forme....

18ème ETAPE : Moissac à Saint-Antoine-du-Pont-d'Arratz - 30 km

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Départ de Moissac à 7h00 pour une longue étape aujourd’hui par obligation de la disposition des gîtes, en compagnie de la Suisse-Allemande. je constate par-contre que mes chaussures s’usent anormalement et toute évidence, elles ne vont pas arriver à Saint Jacques, ZUT de ZUT ! car je ne vais pas arrêter pour une paire de chaussures de qualité, recommandée et sélectionnée avec soin. ZUT et ZUT !

Je retrouve sur le chemin, partis aux aurores, "mon" Belge avec son beau-frère Québécois, en dehors de toute l’amitié que j’ai pour eux, là aussi, leurs réputations a couru sur le chemin suite à une soirée, disons  "musclée" au Gîte de Le Pasturat, cela en compagnie des 3 familles à savoir 3 officiers..comme je vous disais, tout ce sait sur le chemin (les retrouvailles sont prévues sur Paris). En attendant, nous voici le long du canal du midi, sur un chemin goudronné de 8 km.. dur ! les pieds mais à la fraîche c’est encore jouable. Par contre, une si longue étape n’arrange pas mes affaires, pas pour la distance acceptable, mais parce que j’ai 6 jours d’avance sur mon itinéraire calculé au départ. Aussi, je vais arriver trop tôt à Saint-Jean-Pied-de-Port mais également sur Burgos en Espagne, où une amie me rejoint.

Je chemine avec un pèlerin blessé après lui avoir proposé mes services, qui finalement me rend ma liberté car il va continuer en stop. Je continue donc ma route seul, libre comme l’air en prenant mon temps cette fois-ci, n’ayant pas envie de cavaler ou de courir (ce qui m’est arrivé de faire par plaisir). J’ai rejoins un autre tandem, père et fils, avec qui j’ai partagé quelques kilomètres, puis une personne plus âgée à qui j’ai proposé mon aide.. ma journée service pèlerin (rire).

Je traverse Malause, Pommevic, espalais, Auvillar (magnifique avec sa place centrale) Saint-Antoine du-Pont-d’Arratz, qui au passage n’est rien de particulier sauf un accueil déplorable au gîte d’Oustal, ainsi qu’au restaurant associé car c’est la même famille qui tient cela. C’est bien parce que c’est une étape obligatoire compte tenu de la distance, sinon je ne serais jamais descendu là, dont la réputation n’était pas à refaire. Par moment, on se rend compte que le business est au détriment du pèlerin mais c’est rien en France car c’est pire en Espagne.

Rien de spécial aujourd’hui, que de constater que ma condition physique s’améliore de jours en jours et que j’en suis surpris moi-même. Je ne pensais pas avoir une de telle facilité et faudra qu’un jour je me teste dans un esprit plus compétition sur moi-même avec le chrono.. à suivre ! Sans oublier les éternels massages, encore et "encorps" je rejoins le dortoir où déjà Morphée est passée.

19ème ETAPE : Saint-Antoine à Lectoure - 25 km

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Départ à 7h00, comme dab ! à la fraîche après les déboires de la veilles où  j’ai du râler pour avoir à manger.. bref ! Aujourd’hui direction le village de Lectourec, en passant par Flamarens, Miradoux, Castel-Arrouy et Barrachin. Une étape sans difficulté majeur, où il ne faut pas perdre trop de temps pour éviter les grandes chaleurs. Mais le rythme est pris et la condition physique est au top !

Je pars donc en compagnie d’une savoyarde, que j’avais croisé à de nombreuses reprises mais qui malgré ses efforts étaient vraiment très handicapée par deux tendinites sur  l’avant des tibias. Aussi, elle a du parfois faire appelle au taxi, mais sa bonne volonté, son état d’esprit et son enthousiasme m’a touché. C’est pourquoi, je lui ai proposé de rester avec elle aujourd’hui puis de lui porter ses affaires. J’ai été très heureux qu’elle accepte, là où d’autres ont refusés.. Donc, nous voilà parti "bras dessus, bras dessous" sur le chemin, relativement agréable car celui-ci a souvent un passage dans l’herbe en parallèle de la route. Cela lui était plus agréable et pas après pas, un pas de plus, un autre, nous avançons avec l’incertitude qu’elle arrive au bout (elle est quand même arrivé à St Jacques).

Nous avons eu le temps de refaire le monde, en passant par nos vies respectives, privées, professionnelles, nos motivations quant à notre présence sur le chemin etc. Tout y est passé avec beaucoup de simplicité, d’humilité et de compréhension. Ce sont des moments très privilégiés grâce à l’objectif commun, Saint-Jacques, permettant ainsi d’être plus ouvert et en confiance pour écouter et partager nos réflexions. C’est incroyable comme le chemin fait des miracles de ce côté là, car il y a 1h on se connaissait à peine et là nous déballons notre vie avec motivation et naturel comme si c’était évident. Ce sont les bienfaits du chemin que l’on ne trouve nul part ailleurs, à ma connaissance, car les sujets vont très loin. Qui plus est, la vie amène à des rencontres étonnantes. En effet, cette personne a vécu à Madagascar, et plus exactement à Nossi-Bé, pour aller aider une communauté de sœurs à s’occuper de lépreux, incroyable !

Finalement, cette femme souffrant trop, a du abandonner pour faire du stop me laissant seul pour la fin du trajet, sachant que nous nous retrouverons ce soir au gîte. Là, par contre il fallait que je me dépense, aussi, au pas de course, j’ai fini les 9 km restant en moins de 8h pour arriver trempé, mais heureux d’avoir pu faire un bon chrono (rire) pour le plaisir. C’est bon pour le moral car j’avais besoin de me surpasser pour tester ma forme . Cela me rend encore plus sur et plus fort, pour proposer mes services à d’autre.

Village de Lectour : GENIAL ! au gîte Accueil Chrétien au presbytère, GENIAL ! accueil chaleureux et simple, dans un cadre très agréable et vivant. Sans compter au repas, avoir avec nous, une tribu de prêtres dont un curé qui plein d’humour, n’a pas sa langue dans sa poche. Un gîte où j’aimerais bien être un jour Hospitalier. Le seul fait regrettable, est que des "pèlerins" osent dire qu’ils en profitent pour ne pas payer cher en donativo, NO COMMENT !

bien sur re re re re ...massage et dodo en dortoir.

ecrivain-1.gif Il nous faut tout simplement savoir si nous voulons entendre Dieu, non pas

                      où nous avons envie de l’entendre mais là où il nous a parlé vraiment.

20ème ETAPE : Lectoure à La Romieu - 19 km

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Départ 7h00, pour peut être m’arrêter à La Romieu, en passant par Marsolan et la Chapelle d’Albrin afin de savourer une étape courte. C’est pas évident de diminuer une distance quand-on a un rythme dans les jambes, mais c’est souvent en ne sachant pas ralentir que les accidents musculaires arrivent. C’est simple, j’ai très rarement vu de pèlerin en cours de chemin jusqu’à Saint-Jacques, qui n’ai pas eu de blessures qu’elles quelles soient. Même les plus aguerris, les plus sportifs ont eu au moins une fois une tendinite et jusqu’à ce jour (car, j’ai souvent touché du bois) je n’ai strictement rien eu.

Pour l’instant, à mon avance, je n’ai toujours pas trouvé de solution en dehors de cette possibilité de rester 1 ou 2 jours à un gîte précis, où alors de trouver un service à rendre auprès d’une communauté. Bref, je ne sais pas comment je vais, alors que d’autres voudraient pouvoir accélérer, moi je veux ralentir, c’est fou ! rire. Par ailleurs,  l’usure de mes chaussures s’accélèrent anormalement, là par contre, c’est beaucoup plus inquiétant, car je ne me vois pas finir sur les chaussettes, convaincu par expérience que ces dernières de tiendront pas le coup jusqu’à Saint-Jacques. Là aussi, il me faudra trouver une solution avant l’Espagne, car ce "petit" détail et pas des moindres me mine l’esprit.

J’ai recroisé ce jour un charmant couple de Roanne, puis, je rejoins des amis martiniquais, frère et sœur, qui font le chemin jusqu’à St Jean Pied-de-Port. Adorable et toujours joyeux, avec qui je fais un petit bout de route à la méthode cool.. mais efficace ! Nous partageons de bons moments ensemble avec comme thème notre autocritique, nous pèlerin avec nos dégaines, nos barbes mal rasés, nos vêtements devenus flottant avec la perte de poids.. enfin, la vie du pèlerin dans le style bêtisier. Un instant de vie à la mode martiniquaise bien agréable et dépaysant.

Nous nous séparons à la chapelle d’Abrin, eux pour Condom, moi pour La Romieu (nous sommes restés en contact après le chemin). Me voici à nouveau seul, quand un cycliste s’arrête à ma hauteur pour me prévenir que des chiens méchants, à deux cents mètres, ont l’habitude d’attaquer les passants. Bon ! un peu de piment ne fait pas de mal ! En effet, au lieu dit, arrivent 3 chiens bien décidés, très décidés même... Mon bâton en main, je ralenti puis à la dernière minute avance sur le premier chien pour lui administrer un grand coup de pied sous la mâchoire. Celui-ci vola, pour retomber k.O en hurlant.. le 2ème chien s’arrêta net.. hésita.. le 3ème tourna autour de moi un instant regardant son collègue gémir, puis pris de la distance. La propriétaire sortie comme une furie, me traitant de tous les noms.. etc, et j’ai repris ma route. Quelques mètres plus loin, étaient arrêtés 3 femmes, dont l’une grièvement blessée à la cuisse qui méritait quelques points de suture. Je n’ai jamais regretté mon geste, j’en ai ris mais j’aurais du continuer avec les deux autres, car un chien qui prend une trempe, en général, ne revient plus.

J’arrive sur La Rmieu, pour passer la nuit au gîte d’étape de l’ancien couvent de La Romieu. Immense gîte, à l’accueil très impersonnel dans une ambiance plutôt militaire. Je passe la soirée en dînant avec un Allemand sympa (massage toujours et encore, puis dodo)

21ème ETAPE : La Romieu à le Tollet - 21 km

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Départ 7h30, car je met 4h00 maximum pour faire 20km. Après avoir retrouvé le couple roannais et sous un ciel menaçant, nous nous dirigeons vers la ferme de Tollet en passant par Castelnau-sur l’Auvignon, la chapelle Ste-Germaine et Condom. C’est parti ! me voilà donc en chemin en agréable compagnie car vraiment ils sont adorables, ce qui nous amènera à nous retrouver régulièrement, nous croiser pendant des centaines de kilomètre. Certes un rythme bien différent mais c’est avec beaucoup de joie que je marche avec eux où tout est simple et plaisant, avec beaucoup de chaleur et de sincérité le tout en humour.

Au passage, ma déconvenue avec les chiens a fait le tour du chemin car le couple Roannais derrière moi, à ce moment là, a pu apprécier le travail pour se faire remonter les bretelles par la propriétaire aussi stupide que ses chiens. Bref ! nous en avons bien ris.. Puis j’ai fais un bout de chemin seul, ayant décidé que nous nous retrouverions à la ferme du Tollet ce soir, où, une surprise de taille nous attendait.

L’itinéraire est très sympa,  en dehors du ciel qui s’assombrit, car principalement sur des chemins (puis Cahors, le chemin est souvent sur des routes) très agréable, tranquille au calme des champs, des petites forêts etc.. Après mettre arrêté un instant à la chapelle Sainte-Germaine, attendu quelques minutes que les trois goûtes de pluie passent leur chemin, puis Condom pour une rapide visite, la célèbre ville des trois puis des quatre mousquetaires.

C’est en arrivant presque à la ferme de Tollet, que j’ai retrouvé mes amis Roannais et nous avons posé nos valises ensemble à la ferme, dans ce coin paumé de tout mais dont l’accueil nous restera gravé à jamais. Au départ, un accueil très convivial où très vite c’est instauré une bonne ambiance avec les propriétaires (déjà sur la table d’accueil, une bouteille d’armagnac avec un petit message "cuvé pèlerin, servez-vous ! ça commence bien). Après la lessive, les massages, le carnet de route tenu à jour, nous avons commencé par la visite de la cave de Monsieur, fier comme Harpagon à nous présenter sa cuvée spéciale bio, de l’armagnac aux différents vins à la liqueur dite Floc dans le jargon local. Cette première étape dans la cave, nous a mis en forme car il fallait bien goûter à tout par politesse (rire). Enfin à table ! avec des terrines, du confit de canard, pomme de terre, fromage et dessert, le tout encore bien arrosé avec en final l’armagnac.. encore et encore.. certes cela a mis de l’ambiance, mais qu’il a été dur de se lever de table pour rejoindre nos chambres, dur , très dur !

Cependant toute bonne chose ayant une fin.... direction le lit. Mais n’hésitez pas à vous arrêter à la ferme, vous ne le regretterez pas !

22ème ETAPE : Le Tollet à La Hargue - 26 km

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Départ 7h30, peu de Km et ce n’est pas le beau temps, alors journée cool. Pas facile ce matin, j’ai la tête lourde et dans le pâté avec tout ce qu’on a bu hier soir, ainsi que mes amis et une autre connaissance de Bretagne. Mais bon, un souvenir qui restera et l’air frais du matin va bien nous réveiller un peu, je l’espère.. c’est parti ! en compagnie de mes compagnons de marche, j’ai nommé les Roannais.

la fine équipe se met donc en marche, pour l’église de Routgès, Montréal-du-Gers, Lamothe en suivant la rivière de l’Izaute dans la bonne humeur. Je recroise un Québécois très sympa, que j’avais déjà vu au Puy-en-Velay , un couple à la retraite de Nantes avec qui j’avais déjà marché et enfin un jeune lyonnais, un peu solitaire, que je retrouverais plus tard pour un bout de chemin ensemble. Nous cheminons dans un paysage, qui je dirais s’embelli. Car depuis cahors, cela casse pas trois pattes à un canard sans compter que l’accueil des autochtones y était impersonnel.

Aujourd’hui, nous avons croisé tous les cas de figure; ceux qui voyagent léger avec une voiture suiveuse pour les affaires, ceux qui marchent avec une organisation pour faire suivre leurs affaires à l’étape suivant et enfin ceux qui marchent léger avec deux voitures. Une qui reste au départ et une qui va à l’arrivée pour porter bouffe et affaires. A l’arrivée, la voiture repart en arrière pour aller chercher l’autre voiture etc. Bref, reste les autres marcheurs, les "vrais" considérés comme tel par les sages, qui regardent tous ces manèges. J’engage une conversation avec un groupe de Français qui marche léger avec le minibus à l’arrière, et à la réflexion posée qui était "on a de la chance pour le temps" cet abrutit me répond "c’est pas drôle, il faudrait de la pluie pour mettre un peu de piment, sinon c’est trop facile». JE vous tairais ma réponse mais en deux mots, je l’ai envoyé baladé.

Après avoir fait finalement 30 km , nous arrivons à La Harge au gîte de la Ferme tenu par un couple d’Anglais. Très beau tout en sachant qu’ils ont tout refait eux-mêmes, sans doute un travail de titan compte-tenu de la surface des bâtiments. Ces derniers élèvent des cochons noirs pour le financement du gîte, et pas une petite exploitation, bref, ils sont du genre bohème.. Mes amis étant en demi-pension mange à la table des maîtres, alors que je contente d’une boite de ravioli pour assommer le pèlerin que je suis. La séance massage avec la préparation de l’itinéraire et me voilà enfouis sous de bon draps tous frais.

23ème ETAPE : la Hargue à Labarbe - 23 km

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Départ à 7h00, pour environ 4h00 de marche jusqu’à la Maison Labarbe, si on a envie de se dépenser un peu, bien sur, sinon plutôt  4h30 voir 5h00.(PS: attention au gîte de la Hargue pour ceux qui cherche une demi-pension, la bouffe bofffff aux dires des pèlerins)

Comme convenu je pars seul ce matin. En effet, il savoir s’éclipser lorsqu’on marche à plusieurs pour laisser à chacun son chemin. Seul, il est nécessaire d’être a deux ou plus de temps en temps, comme à plusieurs, il est tout aussi nécessaire d’un seul. Sauf dans le cas d’un couple ce que je connaîtrais à Burgos. Pas facile de prendre la décision de marcher seul, et pourtant c’est très important même si les affinités sont fortes et lorsqu’on partage les mêmes convictions.

En attendant me voici seul, face à moi-même dans une nature qui se réveille, elle aussi, dont on sait que le trajet est au 3/4 en terre. Ouf ! cela reposera les pieds qui en ont bien besoin. Par contre, le ciel est très couvert, mais mon célèbre pif détecteur de pluie, me dit que non, qui plus est, je me suis rarement trompé. En tout cas, cela fait plusieurs jours qu’on nous dit qu’il va pleuvoir à l’approche des Pyrénées, la nature est très verte, comme quoi ils ne manquent pas d’eau dans le coin. Paraît-il, qu’on peut faire deux récoltes d’une même essence dans l’année.

Je passe par des bassins de pisciculture, juste avant Manciet, superbe, des étangs artificiels en cascade avec un système pour oxygéner l’eau, puis je file tout droit la tête dans les nuages. A mon rythme j’arrive à l’église de l’Hôpital. Elle porte bien son nom "elle". En effet, là, un Belge dans un piteux état, tant physiquement que psychologiquement. J’engage la conversation avec ce "brave" homme pour lui remonter le moral car il est parti sans préparation et lui faire part de mes conseils pour soulager ses pieds meurtris. Quelques minutes ensemble, assis sur le perron de l’église pour ce moment, digne d’une intervention de la croix rouge (rire). Puis je reprends ma route avec regret, mais que puis-je y faire !

A Nogaro, j’en profite pour acheter un bon jambon du coin ainsi qu’une terrine locale pour mon arrivée. En effet, sur le chemin et compte tenu de l’heure à laquelle je pars, mon déjeuner est environ à 10h30 et le quatre-heure est vers 13h00, mon horaire moyen d’arrivé. Le reste du temps, on grignote de tout sans oublier du salé et banane pour les muscles et tendons. Mais qu’est qu’il y a comme chapelle ou petite église en France, complètement paumée dans la nature, au coin d’un bois, d’une rivière, d’un champ et la majeure partie de ces dernières disposent d’un matelas, un peu de nourriture et de quoi réchauffer, cela pour le pèlerin pris de court. BRAVO, aux bénévoles qui s’en chargent, BRAVO ! je ne peux qu’encourager cette initiative, cet état d’esprit, qui n’existe pas en Espagne. Gardons notre différence  !

A Labarbe, sont arrivés les Roannais, avec lesquels j’ai passé comme d’habitude une excellente soirée, autour d’une bonne table et un vin du coin. Le gavage des canards, ne nous ayant pas coupé l’appétit (massage et dodo)

ecrivain-1.gifLe matin : une heure de décision, d’élan, d’anthousiasme, une heure qui

                   rend à l’Homme la fraîcheur de sa volonté; un départ; un début de voyage.

24ème ETAPE : Labarbe à Air-sur-l'Adour - 19 km

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Départ 7h00 avec mes amis Roannais, dès le matin avec eux c’est toujours la bonne humeur et par respect pour eux je me tairais de quelques anecdotes bien croustillantes. En route aujourd’hui pour Aire-sur-Adour, une journée simple où déjà il y a un soleil de plomb ce matin. Une région très céréalière qui n’est vraiment pas jolie, mais dont on remarque les changements de paysage ainsi que de la topographie. Beaucoup de route, que du plat sans ombre, pas un arbre, des sentiers à perte de vue pour nous conduire à notre prochaine étape. Tous les moyens sont bons pour trouver des raccourcis en faisant appel à mon expérience de la topo, afin d’en finir au plus vite de cette étape inintéressante.

En compagnie du couple Roannais, je chemine donc à leur rythme plus lent pour moi, ce qui n’est pas facile, mais tellement plaisant d’être en leur compagnie. Finalement, je les ai quitté pour marcher avec un Allemand et mettre à l’épreuve mon Anglais, mais cela pourrait servir de rencontrer un Espagnol avant l’Espagne pour apprendre cette langue... On sent dans l’air que les Pyrénées approchent pour la fameuse traversée de cette chaîne de montagne, tant redoutée par les pèlerins. Je ne sais pas ce quelle a de particulier si ce n’est que l’on passe à la même hauteur que le point culminant dans la région du Puy. Vraiment il ni a pas de quoi paniquer et d’en faire tout un plat. Mais ma réaction doit être due à mon passé montagnard.

Air-sur-Adour, sans plus pour son esthétique même si la cathédrale renaissance est jolie, la première de ce style. Je descends à l’Hôtel de la Paix, très famille, très accueillant, très simple, on s’y sent bien. Ici, je retrouve beaucoup de connaissances comme,  les pèlerins auto-stoppeurs, des blessés ou d’autres personnes que j’ai aidés, des amis ainsi que de vieilles connaissances, dont un couple de la Nièvre, Breton et suisse et bien d'autres partis du Puy avant moi que j’avais rattrapé et avec lesquels j’avais sympathisé. Bref, cette ville est un carrefour à pèlerins. L’après midi se passe agréablement, allant d’une table à une autre table, d’une bière à une autre bière pour raconter nos aventures respectives du chemin passé.

Massage et dodo... en dortoir.

25ème ETAPE : Air-sur-l'Adour à Pimbo - 26,7 km

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Départ 7h00, après une mauvaise nuit. En effet, un Anglais a débarqué en pleine nuit dans le dortoir, d’un sans gène inimaginable faisant un bouquant pas possible, ce qui a empêché tout le monde de dormir. Aussi ce matin, je suis allé lui parler du pays et lui rappeler les convenances du savoir-vivre, afin cela lui serve de leçon. Faut un bien un don Quichotte dans la vie...

Ce matin, après avoir soigné quelques pieds, Je suis parti en compagnie d’un couple, pour prendre la direction de Pimbo. Une ambiance plutôt marche que parler !

J’ai trouvé comment donner du sens à mon chemin, à savoir, en proposant mes services, porter des affaires, soigner des pieds ou marcher avec d’autres ayant des difficultés. Pour cela, je sélectionne uniquement les personnes qui font un effort, qui souffrent mais qui ont l’esprit du chemin. Certains m’ont même appelé le "doc du camino". Ainsi, j’ai le plaisir de donner ce que je reçois par le chemin, puisque je n’ai aucune blessure et une certaine facilité physique. Un vrai bonheur que de recevoir, un sourire, un remerciement, une attention pour la simplicité d’un geste, d’un mot de leur part, de ma part, le tout avec quelques silences dans une chapelle perdue. Le chemin devient mon chemin, sans oublier mon soutien à Paris sans qui je ne serais peut être pas ici...

Nous croisons un autre couple où s’engage une conversation sympa, mais je voyais bien que mes "équipiers" de circonstance, étaient déjà impatient de repartir comme si leur temps était comptait.. mais personnellement, j'aime passer du temps avec ceux que je croise, m'adaptant à leur rythme,  pour partager un moment d'échange qui enrichit toujours la vie du pèlerin. Je ne suis pas à deux heures près dans la vie, sans compter que j'ai constaté que les conversations sont mille fois plus riches, sincères et intimes en marchant, que le soir lors d'un diner, c'est le jour et la nuit ! Oui les vraies confidences arrivent naturellement par l'effort physique...

Aussi et malgré qu’ils soient très bon marcheur, j’ai accéléré un peu pour provoquer en moi ce besion à la réflexion par la dépense physique. J'aime ces moments un peu fou où le corps tourne à plein régime... lachant les chevaux ! rire ! J'ai disparu  pour les retrouver 2km plus loin où j’étais entrain de grignoter sous un arbre.

Après 5h00 de marche, me voilà arrivé à Pimbo au gîte communal. Un bled paumé au sommet d’une petite colline, au calme, avec une vue imprenable et panoramique superbe. J’ai retrouvé ici, une vieille connaissance Bretonne, avec lequel  nous avons fait notre repas autour d’une bonne bouteille de vin de la région. Par contre la nuit, j’ai du le lever plusieurs fois car les souris attaquaient tout ce qui est à manger. Mes affaires étant attachées à un porte manteau, elle ont été épargnées, ce qui n’a pas été le cas pour tout le monde.

massage et dodo, mais une nuit agitée par des souris, dans cet ancien presbytère sale et vétuste.

26ème ETAPE : Pimbo à Pomps - 25 km

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Départ 7h00 pour Pomps, encore une fois il est annoncé de la pluie.. que nous ne verrons toujours pas, même à l’approche des Pyrénées dans ce paysage quelconque, où il y a beaucoup de route. J’ai prévu une halte à 18 km toutefois, si la pluie est au rendez-vous.

Mon itinéraire passe par Azacq-Arraziquet, Louvigny, Fichous-Riumayou (où j’ai fais quelques courses) Uzan et pomps. J’ai retrouvé sur mon chemin un ami Allemand avec qui j’avais déjà marché l’ayant aidé également, pour ses réservations de gîte. Ce dernier, ne parlait pas un mot de Français, seulement un peu anglais mais pas facile de converser en chemin. J’ai eu mes enfants aujourd’hui, car le réseau téléphonique ne passe pas partout.

Par ailleurs, le problème de mes chaussures va se résoudre. En effet, le fabriquant va me changer mes chaussures gracieusement, compte tenu de mes explications et grâce à mon soutien sur Paris comme intermédiaire. Ce dernier va donc me faire parvenir à Saint-Jean-Pied-de-Port une nouvelle paire pour la suite du chemin, et à mon retour je devrais lui apporter les anciennes pour analyse. Bravo "Monsieur le fabriquant, pour votre réactivité et votre compréhension" et "Merci"

CA Y EST ! les Pyrénées sont en vue ! Une émotion immense pour les 100 derniers km estimés à vol d’oiseau. Ce 1er but à atteindre est proche, comme si une fin de quelque chose arrivait pour une nouvelle aventure. Alors, on repense à tous ces km déjà parcourus, avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses peines.. un moment surprenant et magique, j’imagine déjà l’arrivée ! Mais déjà, grâce à Saint-Jacques je suis arrivé ici, sans encombre, sans blessure, avec beaucoup de plaisir et de bonheur.. J’ai l’impression que mon chemin sera bientôt fini, étrange sensation, est-ce tout ce que j’ai vécu qui me donne cette impression, les milles satisfactions personnelles.. à suivre mais, merci le chemin !

Sans oublier celle qui me soutient dans cette aventure, qui c’est blessée le dos, passe des radios , des scanners.. etc.. en attendant les résultats avant de me rejoindre à Burgos. Ce serait quand même dommage que cela ne puisse pas l’être, car à deux c’est aussi, un autre chemin qui commencerait.. à suivre !

Mon pif détecteur de pluie ayant senti la pluie pour aujourd’hui, m’a motivé à ne pas perdre de temps. Aussi, fort de ma forme physique, j’ai abandonné mes amis pour partir en courant. Hé oui, 1km de marche et 1 km de course jusqu’ à Pomps pour arriver très tôt mais passé la porte en début d’après midi alors c ’est abattu un orage digne de l’arche de Noé, dantesque et impressionnant. A l’abri, je ne cessais de penser à tous ceux qui étaient derrière moi. Un gîte communal très correct tout neuf en petit dortoir de 4 personnes, et après un dîner bon et très sympa avec tous les pèlerins, nous avons regagné nos lits pour une nuit  apaisante car pour cette fois pas de ronfleur.. une vraie chance !

27ème ETAPE : Pomps à Cabarrat - 17 km

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Départ à 7h00, heure militaire comme d’habitude pour éviter les éventuelles grandes chaleurs.

Ce matin, j’ai laissé derrière moi, plusieurs des pèlerins avec qui j’avais déjà cheminé pour faire route avec un Nantais. Lui très bon marcheur avait deux tendinites sur l’avant du tibia qui a décidé de faire de courtes étapes jusqu’aux Pyrénées pour récupérer avant la montagne. Ce qui me convenait parfaitement, puisque j’avais également décidé de la même tactique. Nous voilà donc partis en direction de Cabarat.

Très sympa ce bout de route ensemble, parti du Puy également nous avons passé en revue nos vies respectives avec simplicité et complicité. Le chemin pour cela fait vraiment des miracles. Par ailleurs, beaucoup d’entre nous avons pu admirer cette nuit vers 3h00, le magnifique ciel étoilé sauf en montagne et pourtant j’en ai vu des ciels. Mais là ! c’est splendide, aussi, tous la tête levé nous avons pu regarder avec attention ce paysage nocturne. En effet, ce matin, les premiers rayons de soleil sont les indicateurs d’une journée très chaude en perspective. 

Heure après heure nous progressons sur un sentier, entre coupé de route, pour s’arrêter un instant à la chapelle de Caubin. Petit moment privilégié habituel, où mes pensées s’envolent vers les miens et atterrissent pour d’autres réflexions, puis on file sur Arthez-de-Béarn pour y prendre un café. Finalement nous arriverons sur le coup de midi au gîte privé de Cabarrat, bien avant l’ouverture de celui-ci, ce qui nous a permis de nous restaurer au soleil puis pour ma part de vous écrire ces quelques mots.

Quant au gîte en trois mots, arrêtez-vous ici, c’est très joli «  la petite maison dans la prairie »,  l’accueil y est chaleureux comme chez vous... avec une organisation simple et parfaite, puis un espace de nuit que vous ne regretterez pas,  parfait, sans compter un repas délicieux sous le son du banjo, joué par une main de maître, j’ai nommé le maître de ces lieux. La soirée fut très agréable pour nous préparer à passer une apaisante nuit... à demain !

ecrivain-1.gifC’est dans l’effort que l’on trouve la satisfaction et non la réussite.

                     Un plein effort est une pleine victoire

28ème ETAPE : Cabarrat à Navarrenx - 24,5 km

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Levé 7h00 pour un départ vers 8h00, autant dire une grâce matinée, compte tenu du peu de kilomètre à faire aujourd’hui pour nous rendre à Navarrenx, vers les contreforts du pays Basque.

Nous avons donc pris la route, le Nantais et un Vendéen, à travers un nouveau paysage dont la  typologie très vallonnée et relativement boisée avec en contrebas des prairies. Ca y est ! les panneaux indicateurs en Français, sont surmontés d’une traduction en Basque, là c’est clair ! Nous sommes chez eux ! J’oubliais ! depuis deux jours, nous avons maintenant face à nous la chaîne des Pyrénées, qui semble nous tendre les bras.

Oui, celle-ci semble nous tend les bras même si loin mais si proche ! Elle est bien là cette montagne, belle et impressionnante avec ses sommets enneigés. Et dire qu’il y a au moins 700 kilomètres que je marche, je n’en reviens toujours pas. Chaque pas en avant me reproche plus de Saint-Jacques et des absents, mais chaque pas de plus me rappel tous ceux que j’ai déjà fais. Un proverbe dit "quand tu ne vois pas le chemin devant toi, retournes-toi, tu verras que tu as fais du chemin".

Bref ! la route se fait de plus en plus accidentée avec des descentes abruptes et des côtes sévères. Mais avant de partir, pour éviter que les pieds ne chauffent de trop en marchant sur le goudron chaud, je les ai bandé avec de l’adhésif tissu. Coup de pied, plante du pied, orteils, j’avais les pieds d’un Pharaon, sans compter le baume Nok qu’il faut utiliser tous les jours. Ainsi, je n’ai jamais eu de problème d’échauffement ou d’ampoules aux pieds, la ruse est la survie ici, alors tous les moyens sont bons, même si d’autres en ris. Je constate quand même, qu’il y a beaucoup de casse parmi les pèlerins, mauvais équipements, chaussures et sac à dos, mauvaise préparation, tendinites, entorses, ampoules, mauvaise alimentation, déshydrations, sans oublier qu’ils connaissent ou ne savent pas gérer leurs limites physiques. Vraiment, soyez bien préparé pour ce genre d’aventure.

Finalement nous sommes arrivés à Navarrenx après avoir abordé bien des sujets , de la politique qui nous a bien fait rire, des croisades avec Charlemagne (là je suis resté prudent) et enfin de l’Espagne. Notre Vendéen de service, ayant déjà fait la partie Espagnole. Je m’arrête pour la nuit chez l’Alchimiste, l’accueil bénévole de pèlerins (Donativo). Tous les pèlerins connaissent tous l’Alchimiste sans même l’avoir rencontré. En effet, sur le chemin sont fixées sur les arbres, des petites ardoises sur lesquelles sont écrites un proverbe, une pensée philosophique. Ces dernières sont crées par un homme qui se dit l’Alchimiste, écrivain, peindre, sculpteur, poète à ses heures qui à son gîte d’accueil à Navarrenx. Aussi, vous y trouver un accueil chaleureux, une bonne table pour y passer une agréable soirée dans un cadre superbe et finir la soirée au coin du feu accompagné d’un verre de Cognac. Alors arrêtez-vous chez lui, vous ne le regretterez pas car sa réputation contribue largement à entretenir l’esprit du chemin.

29ème ETAPE : Navarrenx à Aroue - 20 km

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Départ 7h00 en direction à Aroue, en compagnie du couple Roannais que j’ai retrouvé au gîte de l’Alchimiste. Pas facile de quitter l’Alchimiste, très attachant car j’ai même hésité à y rester deux jours pour le plaisir de l’esprit et de l’ambiance, même si ce dernier est considéré dans sa région comme un "zombi".

Nous voilà quittant ce repère avec déjà l’impatience de retrouver sur les arbres les prochaines phrases à méditer.. Quel paysage magnifique ce pays Basque, tout vallonné, en forêt avec ces huttes perchées à 10m pour la chasse à la palombe et enfin notre première rencontre avec le mur de la pelote Basque. Là cette fois-ci, les signes Basques sont bien présents, sans compter les changements architecturaux des maisons et des églises. C’est tout simplement très beau dans cette contrée verdoyante.

Comme dans la première partie de l’aventure, soit les 250 premier kilomètre, le Basque nous accueille avec plaisir, nous dit bonjour où s’engage très vite une conversation agréable. Nous traversons, Castetnau-Camblong, Lichos (Lexoze, en Basques) pour rejoindre Aroue (Arue) et pour ma part, le gîte communal. Il fait chaud aujourd’hui avec une température lourde, mais toujours pas d’eau à l’approche des Pyrénées, c’est incroyable car depuis que je suis parti, j’ai du recevoir 20 mm de pluie et encore j’aurais pu compter les gouttes d’eau, c’est incroyable !

Aujourd’hui je me suis gavé comme une oie, car, il me faut liquider ma bouffe avant l’Espagne. En effet, en France il est nécessaire d’avoir de quoi tenir car les commerces sont rares lors de nos passages, mais en Espagne c’est tout le contraire, on peut dormir et manger partout. Comme je vous ai dis, l’autoroute business pèlerins paraît-il. Je suis loin encore d’imaginer que cela est si vrai !

Accompagné de mon ami le Nantais, nous voici à Aroue, petit village sympathique Basque. J’y ai retrouvé quelques connaissances ainsi que de nouvelles comme ce jeune de 25 ans Lyonnais avec qui j’ai sympathisé. Moment de détente, de toute façon il n’y a rien d’autre à faire dans ce village paumé (gîte communal), où nous avons fait notre popote pour le dîner, puis dans une bonne ambiance de refaire un peu le monde et enfin, regagner la chambre collective pour une nuit calme.

Massage et dodo..

30ème ETAPE : Aroue à Ostabat - 25 km

            12052011682-1.jpg   artistes-musiciens-44-1.gif (arrivée aux Pyrénées)

Départ 7h00 sous un ciel clément, en compagnie d’un jeune Lyonnais sympa en direction d’Ostabat, où je retrouverais également quelques uns des pèlerins rencontrés à Aroue. Par ailleurs, notre jeune ami est handicapé par de légères tendinites aux jambes (30 km par jour sans repos et j’ai appris plus tard que ce dernier a été obligé d’arrêter)

Un paysage toujours aussi beau en direction de Pyrénées qui cette fois-ci semble vraiment à portée de main. Demain ! Nous y sommes et déjà une drôle d’impression en moi. En attendant, nous passons par Pagueguy, Hiriburia, puis quittons la voie principale vers Uhart-Mixe (Uhartehiri), en direction de la Chapelle d’Harambeltz, pour rejoindre Ostabat. Pour une fois un vrai trajet complet sur des sentiers, perdus en pleine nature. Sur notre passage beaucoup d’éleveurs de Chèvres, alors, n’hésitez pas  pour vos sandwich, trop bon ! Nous cheminons ensemble avec plaisir, "le jeune et le vieux" l’attendant secrètement, pour le soutenir dans ces efforts. Pour ma part, Ma condition physique était un peu ma hantise en partant, mais finalement je me suis rendu compte que je pouvais faire ce que je voulais avec facilité et même de courir si j’en exprime le besoin (ce que j’ai fais à différent moment, juste pour le plaisir. D’ailleurs cet avantage me servira prochainement dans les Pyrénées.. à suivre)

Finalement nous passons à travers l’orage.. qui tourne au-dessus de nous, disparaît, revient hésitant mais qui ne s’abat pas, quelle chance encore une fois. Cela, pour permet d’avancer tranquillement, de vallon en vallon, de forêt en forêt mais cette fois-comme vous pouvez l’imaginer les Pyrénées ont disparu du paysage avec ce plafond nuageux très bas. La seule chose qui ne chance pas depuis deux jours, se sont les sentiers abruptes suivis de descente à l’image des côtes, ce qui n’altère en rien, mon plaisir de marcher à environ 25 km de Saint-Jean-Pied-de-Port. La tension est dans l’air, l’émotion aussi, une joie secrète immense nous gagne petit à petit vers cet ultime étape Française avant de me retrouver en Espagne. Il n’y a pas de mot pour exprimer ce que l’on ressent à cet instant.. oui ! pas de mot, mais si des maux existaient, alors tous disparaîtraient avec cet objectif. Aussi, je remercie celui-ci qui m’a protégé jusque là...

Nous avons donc cheminé avec plaisir en abordant beaucoup de sujets très variés, avec convivialité et transparence. Ce chemin est vraiment merveilleux, et les résultats ne peuvent qu’être bénéfiques à travers de longues distances. Je ne remets pas en cause, bien sur, ceux qui ont l’opportunité et le mérite de marcher quinze jours seulement, bravo, mais il est vrai que les centaines de kilomètres ont un impact plus important sur soi.

Pour l’instant, ce qui me soucie le plus (en dehors de trouver mes nouvelles chaussures à St Jean), est la situation de mon amie sur Paris qui a pris un coup au moral, qui suite à son accident. Aussi, on attend les résultats d’examens dont la décision lui permettra ou pas de me rejoindre en Espagne. L’impatience est un moment difficile à gérer ! Dans le cas d’une réponse négative, je m’attends à arrêter pour rentrer sur Paris.

Ostabat, nous sommes arrivés à ce chalet typiquement Basque tenu par la mairie. Monsieur le maire en personne nous a accueille en fin de soirée par un apéritif. Après avoir savouré un menu pèlerin au restaurant du coin, nous avons rejoins notre chalet pour la nuit.

31ème ETAPE : Ostabat à Saint-Jean-Pied-de-Port - 23 km

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Départ 7h00 du matin ! Ca y est c’est le grand jour ! pour Saint-Jean-Pied-de-Port, la ville féodale, un lieu mythique où arrive tous les chemins de France (Le Puy, Vézelay et Arles) avant "d’affronter" les Pyrénées pour se retrouver en Espagne.

Au pays Basque tout le monde parle le Basque, des plus anciens aux plus jeunes ce qui donne tout le caractère du Basque avec son Histoire. C’est impressionnant, cette langue n’est pas réservée à une tranche de la population, car elle est tout simplement enseignée dans les écoles primaires, comme le Français l’est. A la grande différence du breton qui va disparaître.

Donc le GRAND JOUR ! est arrivé pour cette première moitié de chemin en France, sur le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Avec mes deux compères, nous avons fait route par des chemins discrets, conservés avec animation car la joie est dans l’air, entrecoupé de moment de silence où chacun semblait plongé dans ses pensées. J’ai l’impression d’être sur un nuage, ne réalisant pas encore ce qui allait m’arriver dans quelques kilomètres, tant mon émotion était intense.

Nous avons traversé Larceveau (Lartzabale), Gamarthe (Gamarte), Bussunarits (Duzunaritze), pour faire une petite halte à la l’église de Saint-Jean-le-Vieux (Donazaharre) et filer en direction de St-Jean-pied-de-Port (Donibane Garazi).

L’émotion grandit petit à petit, devient difficile à maîtriser, lorsque soudain se dresse en face de moi la porte au pont-levis de Saint-Jean-Pied-de-Port, 300 m.. 200 m.. 100 m.. là où arrivaient les pèlerins d’hier et à mon tour aujourd’hui. Je suis envahi d’une immense émotion si forte et incontrôlable que j’ai du demander à mes compagnons de me laisser seul. J’ai mis 30mm pour passer cette porte où tout se bousculait en moi, tout ce que j’avais fais depuis le Puy, mon chemin, mon passé, mon futur, pensant aux miens et d’autres dont celle qui est à Paris. Cette porte représente la vie, avant celle-ci le passé, après celle-ci, le futur mais que ce pas est difficile et pourtant si facile. J’ai l’impression d’être perdu et pourtant je sais où je vais. J’ai l’impression d’être épuisé alors que je suis en pleine forme, j’ai l’impression d’avoir fini mon chemin alors qu’il me reste encore beaucoup de kilomètre mais je sais que j’ai réussi quelque chose de magique, d’incroyable, d’important pour moi,  je le sais, mais ne l’ai pas encore accepté et digéré.

Je passe enfin cette porte avec Paris en ligne, l’émotion et comme beaucoup de pèlerin au long-court, les yeux remplis de larme, un geste, un sourire, une poignée de main, une accolade, une félicitation... tous ces "marcheurs qui viennent de loin et qui forment une famille se reconnaissent, sont réunis à ce moment là, cela rassure mais accroît encore l’émotion. Un instant inoubliable, gravé dans le marbre doux qui est notre cœur. L’émotion m’a d’un seul coup vidé, fatigué mais heureux, si heureux qu’il n’y a pas de mot si ce n’est qu’il faille seulement le vivre pour comprendre.

Saint-Jean Pied-de-Port...1heure après avoir repris mes émotions, je me suis rendu à l’Accueil Paroissial Kerserna où j’avais réservé. C’est auprès de ce dernier que j’ai pu envoyer des affaires pour continuer mon chemin mais également ma nouvelle paire de chaussures. Je remercie très sincèrement ces hospitaliers qui m’ont aidés dans mon aventure et accueillis deux jours, dans une ambiance formidable, chaleureuse et familiale. J’en ai profité pour me reposer et apprendre le surlendemain que mon amie sur Paris était apte pour marcher, donc de me rejoindre à Burgos.

Le chemin continu...

(voir Saint-Jean-Pied-de-Port à Burguette, pour la suite)

 

 ecrivain-1.gifCe qui importe, ce n’est pas d’arriver, mais d’aller vers.

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Commentaires (2)

Marc de Villoutreys
  • 1. Marc de Villoutreys | 30/05/2012
Bonjour André,
Cette triste nouvelle m'envahit d'une émotion douce et intense, pour cet un Homme et Père, si merveilleux, pétillant et chaleureux. S'il restait dans mon cœur, aujourd'hui il sera dans mes prières. Merci pour votre message et sincère amitié à vous. Marc
LANG André
  • 2. LANG André (site web) | 06/05/2012
marc,je lis en ce moment le recit de votre pelerinage que j'ai fait aussi l'année derniere du 1 au 25 juin.je me suis arreté aussi a lectoure au presbytére ou javais vecu une super soirée en compagnie de pelerins connus et de l'abbé Pierre Lauzin qui depuis le 5 mars est parti sur le chemin des étoiles.

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