Saint-Jean-Pied-de-Port à Burgos : 15 étapes

33ème ETAPE : Saint-Jean-Pied-de-Port à Burgette - 33 km

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                  L'Espagne ! accompagné en musique par les grands esprits Indiens d'Amérique du Nord

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Départ 7h00. Saint-Jean, 2 jours de repos... la fatigue s’installe... paradoxe. En effet, le corps est stimulé par les endomorphines générées par l’effort et maintenant le manque de la substance génère une lassitude épuisante, il va être temps de repartir, notamment avec une personne de Dreux rencontrée au gîte.

Hâte de marcher, quelques soient les conditions.. car j’ai des fourmis dans les jambes, l’adrénaline fait son office. Mon pif météo ou mon instinct prévoyait de la pluie, en effet dès les premiers mètres d’ascension quelques gouttes tombent, je reste cependant en chemise et short pour conjurer le sort. Mais ce n’est pas suffisant car au fil de la montée, la pluie, le vent s’accroissent, le nombre de pèlerin aussi.. La situation est moins souriante et de forts souvenirs de mauvais temps vécus à ce même endroit, ressurgissent, j’envie mes amis qui sont partis la veille sous le soleil radieux.

L’eau s’infiltre partout malgré les protections sans compter la transpiration, le vent me glace, pas le choix je dois avancer, mon corps est robuste et entraîné, mon esprit déterminé. Mon compagnon  suit plus difficilement, et comme il retrouve un autre ami, je le laisse pour continuer seul mon ascension afin de fuir au plus vite le déluge qui progresse mais à ce rythme j’aurais fais les 26 km en 5h.

Au refuge d’Orisson, je repars de plus belle dans ces conditions où ils ne manqueraient plus que les ours blanc. J’ai doublé des centaines de personne, abattus, la tête baissée, le pas lourd. Je me motivais par objectif, en rattrapant un pèlerin puis un autre et quand j’étais seul je courrais en faisant  attention de me pas mettre en zone rouge, comme disent les sportifs.

En compagnie d’un Flamand, nous avons marché dans un brouillard où l’on ne voyait pas à trois mètre, une sorte de neige gelée, ou de pluie givrante. On c’est perdu une première fois, plus de trace, plus de panneau. Un refuge pour manger, mais il me fallait repartir sinon j’allais faire une hypothermie (comme ceux qui s’y étaient arrêtés). je le sais et mon ami le comprend, lui handicapé par deux tendinites, nous repartons mais nous avons pas vu Roncevaux dans cette purée. Nous redescendons dans la vallée côté Espagnol après avoir trouvé des panneaux multidirectionnels en pleine campagne Basque Espagnol. Avec quelqu’un d’autre cela aurait été compliqué, pour d’autres cela peut être mortel, mais grâce nos expériences passés sportives nous savions que nous ne risquions rien ensemble, sinon il faut  s’arrêter, faire du feu et attendre le jour.

Cette famille Espagnol nous accueille formidablement, prend nos vêtements pour les laver et les faire sécher, nous avons une vraie chambre avec de vrais draps et la douche n’a jamais été aussi agréable. Le dîner au resto du coin a couronner le tout, gavé les pèlerins que nous sommes. Nous sommes maintenant dans une condition idéale pour récupérer vite et repartir demain en pleine forme...

Ce passage des Pyrénées a été dantesque, impressionnant, dur mais un fantastique souvenir qui restera gravé, seul et a deux, qui nous a unis pour longtemps. Saint-Jacques, ton épreuve était sympa, mais nous en sommes sortis heureux.

34ème ETAPE : Burgette à Zubiri - 27 km

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Départ 7h00, Mais cette montée restera mémorable avec le seul regret, de n’avoir pu prendre de photos. En tout cas le côté pays Basque Espagnol ressemble au pays Basque côté Français et même sous ce cataclysme, la descente et la vallée que nous avons traversée  est superbe avec ses chevaux sauvages.

Quelques mots sur Saint-Jean-Pied-de-Port. Cette ville étape est très importante pour les pèlerins, les randonneurs et les touristes. Tous les chemins de France, d’Europe arrivent ici, sans compter ceux qui arrivent en trains, en cars pour faire la partie Espagnole ou seulement de petites étapes. Tous partent d’ici en direction de la montagne, car pour beaucoup seule la partie Espagnole est connue. Il faut savoir que les quatre chemins (Le puy, Tour, Vezelay et le camino frances) sont reconnus patrimoine mondial par l’Unesco, qui finance presque tout en Espagne alors qu'en France c'est invisible. Par ailleurs, la plupart des  Espagnols qui font le chemin, tout ou partie, cela représente pour eux un avantage sur le CV et pour les étudiants un avantage dans l’obtention de leurs bourses universitaires. Autant dire tout de suite, que les personnes rencontrées d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier, sauf pour les pèlerins au long court que nous sommes. En dehors bien sur, des pèlerins convaincus de l’esprit de ce pèlerinage qui par obligation personnelle, ne peuvent marcher que quelques jours.

En tout cas, nous n’avons pas vu les aigles, ni même les ours bruns ce jour là. Dommage ! Me voilà donc parti en compagnie de mon ami le Flamant, en direction de Zubiri, en passant par Espinal puis Linzoin (altitude 900 m) sous une légère pluie fine et acheter un peu de provision à Espinal. Cela sur un chemin très balisé et sécurisé (béton, escaliers) à travers les contreforts des Pyrénées Espagnoles, qui restent une des parties les plus belles de l’Espagne.

Par contre, le nombre de pèlerins a été multiplié par 100 d’un seul coup. Nous sommes bien sur un autre chemin plus fréquenté, plus touristique où l’esprit n’est plus le même. Cela afflue de tous les côtés avec des Australiens, des Allemands et des coréens en nombre, du Brésils, du Costa-Rica, Nouvelle-Zélande, Pologne, Slovénie, Norvège, Hollande, Suisse, Canada, Québéquois, Equateur, Autriche, Angleterre, beaucoup de Français et enfin des wagons d’Espagnol. Quand aux Espagnols, il ni a pas besoin de les voir, on les entend partout à des kilomètres.. Quel défilement de matériel dernier cri ! Même les "bonjours" ou les "bon camino" disparaissent, nous sommes vraiment sur une autre planète et pourtant...

Pour cette première journée en Espagne, tout c’est bien mais quelle surprise que de trouver à des carrefours, des épiceries ambulantes, des taxis, des boulangers etc. Signe du business que rapporte le chemin. C’est pour cela qu’en Espagne on peut mangé presque à toute heure , dormir pratiquement partout sans aucune difficulté s’il y a de la place. C’est un autre chemin qui commence où l’on se sent moins pèlerin.

En cours de route, nous avons rencontré un Auvergna avec qui nous avons cheminé vers Zubiri et pique-niquer en cours de route, au soleil d’une clairière agréable où nous avons refait le monde. Nous avons regagné notre albergue (gîte) municipale d’une centaine de place en dortoir pour un vrai bazar toute le nuit avec nos "amis" Espagnols. Enfin, on a avalé un menu pelegrino au resto du coin, masser et masser nos pieds et la nuit nous enveloppa.

35ème ETAPE : Zubiri à Pamploune - 21 km

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Départ 7h00 avec le Flamand et l’Auvergna, pour Pamplone en passant par Larrasoana, Zuriain et Villava. Des paysages plus dégagés avec des "wagons" de "pèlerins’ qui envahissent le chemin. Mais comme en France au bout de quelques jours, cela va se disperser avec les abandons par blessures ou pas.

4h00 du matin, des Coréens ont réveillé tout le monde pour refaire leurs sacs pour finalement partir en même tant que nous à 7h00. Mais tout est rentré dans l’ordre après leur avoir expliqué qu’en Europe il fallait respecter les autres, surtout qu’ils faisaient du stop. Par contre j’ai eu le plaisir de marcher avec les parents et en deux mots, d’une gentillesse extrême et adorable, dommage qu’ils ne parlaient pas anglais, mais uniquement le langage des mains (rire)

Nous cheminons tranquillement dans ce paysage qui s’éclaircit aux alentours de Pamploune avec à perte de vue des champs de céréales et des hectares de vigne. Là, nous sommes bien dans le grenier à "grain" de l’Espagne, la région la plus riche. Nous croisons de vieilles connaissances, Françaises, Québécoises et Suisses. C’est plaisant de retrouver des pèlerins qui viennent de loin, cela nous rassure dans ce flot de "marcheurs". On y retrouve nos repères, un réconfort de sens et d’esprit, c’est la petite famille des pèlerins même si on c’est vu qu’une fois, on se connait.. on sait..

Tout le monde est pressé, court et ne prend plus le temps de vivre, du au fait que l’on ne peut pas réserver la nuit en Espagne (ce que je croyais), nous obligeant de partir tôt pour avoir un place.  Les gîtes Espagnols qui ont le choix, sont parfois impersonnel presque grossier, nous considérant comme une banque...

Nous sommes arrivés à Pamplona à l’Albergue Jesus Maria, tenu par les amis du camino en Navarre. SUPERBE ! dans une ancienne église aménagée sur deux étages, vous dormez avec sur la tête des claies de voutes MAGNIFIQUES. Tout y est organisé à la perfection, de la cuisine, aux salles de bain en passant par le salon, les terrasses, c’est extra ! Après une soirée animée entre amis au resto, notre nuit fut tout aussi magique.

36ème ETAPE : Pamploune à Puenta de la Reina - 25 km

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Départ 7h00 pour Puenta la Reina. J’ai passé deux jours à Pamplona, une des plus belle ville et la deuxième nuit, je suis allé dormir à l’Hotel Hemingway, une sorte d’auberge de jeunesse extra.

Donc des amis devant et derrière, par contre je n’ai plus jamais revu le groupe parti du Puy-en-Velay, disparu ! J’ai apprécié de me retrouver seul car le chemin vous apprend à savourer ce calme, à gérer le passé et à vivre au présent. Plus rien ne compte, on se détache de tout, on fait le vide, on apprécie que la nature et fuyons les villes bruyantes. Sur le chemin, chaque jour est une nouvelle journée avec ses surprises, on relativise les difficultés, on vit avec rien, on est juste soi-même pour soi et pour les autres. Sur le chemin personne ne juge personne, chacun écoute et apprend de l’autre, tout est tolérance alors que la vie c’est bien souvent de l’intolérance, de la jalousie, de l’hypocrisie où de l’artificielle. Sur le chemin, vous êtes ni à nu, plus de barrière social, religieuse et professionnel, chacun est lui, chacun est une personnalité. Le chemin c’est une belle école d’humilité et de vie.

Je passe par Cizur Minor, Zariquiegui, Utrega et Obanos. Mon bâton de pèlerin prend forme au fur et mesure des kilomètres avec différentes sculptures, dont un pèlerin et une coquille Saint-Jacques. Des paysages vallonnés avec des champs à perte de vu mais qui restent beaux, jalonnés de maisons anciennes, de bastides dont les frontons arborent de magnifiques armoiries familiales. Me retrouve avec un pèlerin de Savoie, avec qui je vais faire un bout de route.

J’aide un pèlerin qui tire une remorque type traineau dans un passage est plutôt raide, puis disparaît au pas de course. Soutien un autre pèlerin très âgé (73ans) qui fait le chemin seul depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, bravo ! L’Ancien ! Aujourd’hui j’ai finalement opté pour un rythme soutenu afin de me dépenser et lorsque le terrain me le permettais, je courais.. le temps de m’arrêter un instant à la chapelle de San Nicolas et je reprends ma route, sous une chaleur étouffante, limite orageuse, après avoir largué 3 espagnols qui marchaient vite sans sac, bruyant et incorrects avec des pèlerins.

Finalement j’arrive à Puenta de la Reina, au gîte de Los Padres Reparadores (dortoir) pour rencontrer un couple de Norvégien et une Québécoise ainsi qu’une Française que j’avais doublée plus tôt. Ce nouveau groupe va rester des amis à vie... Autour d’une belle tablée, rien de tel pour faire connaissance et passer une agréable soirée, mais déjà demain est un autre jour.

 ecrivain-1.gifQu’importe le chemin parcouru, quand seul compte le chemin parcouru !

37ème ETAPE : Puenta de la Reina à Estella - 22 km

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    violoniste.gif(entre ciel et terre, les flutes indiennes nous accompagnes)

Départ 7h00 avec toute cette nouvelle bande d’amis, à la fraîche. Par contre les gîtes communaux ne sont pas toujours bien équipés en cuisine, aussi, on ne mange jamais correctement, je me rattraperais en cours de route. Fatigué aujourd’hui, sans doute le contrecoup de mes efforts passés mais je sais que ma condition physique est à son apogée.

Quel plaisir de marcher au levé des premiers rayons du soleil. Encore une fois nous avons échangé avec plaisir et chaleur, le tout en anglais... Oui sympa cette nouvelle équipe internationale, mais j’ai préféré partir seul pour me dégourdir les jambes. Il est agréable de sentir son corps fonctionner comme une horloge où à tout moment, je peux aussi bien ralentir et marcher vite sans aucunes séquelles face aux changements de rythme, m’entendant dire "vous pouvez partir, je vous ai déjà vu marcher et nous n’avons pas ne même rythme" "pitié ! je veux marcher avec vous !" (rire)

Les Espagnols sont très agréables et accueillant en ville car ils ne côtoient pas les pèlerins tous les jours, tout en sachant  qu’il y a toujours des exceptions. Par contre sur le chemin, globalement,  ils sont toujurs aussi bruyant et extravertis. Cela concerne, par déduction les "pèlerins" marcheurs qui font le chemin par obligation comme je vous l’ai exprimé plus avant, donc ils cavalent pour s’en débarrasser. Les autres sans doute les "vrais", eux, prennent le temps de vivre et restent comme un vrai pèlerin avec qui on peut avoir de vrais échanges passionnants. Restent les cyclistes Espagnols, là ! ils sont infernaux. Vous ne les entendez pas, ils arrivent comme des fous puis à 2 mètres seulement c’est une frayeur. Quand c’est des chemins larges, ça passe encore ! mais lorsque vous trouvez dans une pente escarpée, c’est dangereux. Donc attention à vous, ayez des yeux derrières la tête...

Finalement je suis arrivé à Estella, pour m’arrêter au gîte paroissial San Miguel, tenu par un couple bénévole américain non pratiquant, soit un surprenant mélange mais un accueil très agréable dans une ambiance internationale. De nouvelles connaissances étrangères cette fois-ci avec des Allemands, des autrichiens, des canadiens, quelques Italiens et Français. Un diner simple mais bon, par contre une organisation sanitaire un peu légère pour le nombre de lit.

Massage et dodo, pour me lever à l’aube après un petit déjeuner copieux..

38ème ETAPE : Estella à Torres del Rio - 29 km

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Départ 7h00 du matin, encore une fois pour une journée annoncée ensoleillée. Quelle chance en dehors des Pyrénées ! En compagnie d’un Français de Savoie, nous voilà en chemin pour Torres del Rio en passant par Irache, Vilamayor de Monjardin et Los Arcos.

Une belle région vallonnée, couverte de vignes et de champs de céréales, sur un sol de couleur presque rouge. Un surprenant contraste de couleurs vives et chaudes sous ces rayons de soleil naissant. Plus un arbre, rien, aussi il ne faut pas trop perdre de temps, si on ne veut pas souffrir de la chaleur. Un constat ce jour, les pèlerins ont disparus sans doute se sont-ils dispersés sur le chemin sans compter les abandons.. c’est plus calme, plus personnel où l’on se sent enfin, un peu pèlerin où le chemin reprend un peu son esprit de pèlerinage.

les pensées peuvent alors aller libre court, mais tout est calme et apaisant dans ce paysage splendide à perte de vue. Seul passe un nuage noir, avec 3 gouttes de pluie qui tombent sous ciel bleu par ailleurs. Le temps d’un arc-en-ciel et le soleil nous réchauffe déjà sous cet éclairage surprenant. Nous croisons une ravissante fontaine romane vers Ayegui pour s’arrêter à Irache, une église romane massive qui surplombe toute la vallée où nous laissons nos coeurs parler un instant. Puis nous filons sur Los Arcos pour prendre un déjeuné sur le pouce et voir arriver la fine équipe de la veille.

Tous repartons ensemble, dans la bonne humeur, où joutes verbales et éclats de rire, nous accompagnent tout au long du chemin restant. Vraiment ! une bonne équipe pleine de vie et de complicité. De toute façon je n’avais pas envie de marcher seul et recherchais de la compagnie jusqu’à Brugos et y retrouvé mon amie. A la croisée des chemins, je retrouve avec bonheur et surprise, mes 3 compères suisses partis de Genève, croisé au Puy et avec lesquels j’ai fais quelques kilomètres avant de les perdre de vue. Il y a cela au moins 700 km, comme quoi ! le monde est petit sur le chemin. Eux aussi, ont dérouillé dans les Pyrénées. Dommage, je n’ai pas leurs coordonnées...

Nous cheminons ensemble pour arriver ensuite décalé à l’étape pour des gîtes différents. Je suis descendu au gîte privé Casa Mari. NUL, 60 places en dortoir et 2 douches en mauvais état de marche, NUL ! Par contre, nous avons passé une agréable soirée tous ensemble autour d’un menu "pelegrino" à un resto du coin. Chacun retourne à son gîte pour se retrouver demain matin... Bonne nuit !

39ème ETAPE : Torres del Rio à Logrono - 22 km

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Départ 7h00 en compagne de la Française de Biarrizt, pour aller Logrono en passant pas la Chapelle Ermita de la Virgen del Poyo, Abejera de Ganuza et Viana. Un ciel couvert mais pas de pluie annoncée par mon pif détecteur. 

En tout cas, je constate que le parcours en Espagne est vraiment du gâteau à comparer à La France (8300 m de dénivelé en Espagne pour 12700 en France, pour une distance à quelques km près identique). Sans compter que les chemins sont hyper balisés avec aucun risque de perdre, mais surtout très aménagés en sécurité au sol.  Il y a en Espagne une différence importante en termes d’infrastructures. En effet, partout où l’on passe, on voit parfaitement l’impact financier des investissements effectués sur ce chemin classé au patrimoine mondial par l’Unesco. Les chemins, les villages, les villes s’embellissent, s’organisent pour offrir différents services et accueillir le "pèlerin" ou le "marcheur". Les commerces, l’hôtellerie etc.. tout se doit d’être revu et corriger à l’image du site classé.  C’est impressionnant, d’où cette impression de se promener avec une carte bancaire sur le front car à votre passage vous êtes partout accosté pour des offres diverses. C’est usant et fatiguant, par contre, la vie en Espagne est vraiment moins chère.

Aujourd’hui avec cette connaissance du Camino Frances, j’aurais préféré prendre le Camino Norté pour la partie Espagnole qui est moins fréquenté et plus sauvage. Tout en sachant qu’il est plus difficile car il pleut plus souvent le long de la côte et que les étapes sont plus longues. Mais avec l’entrainement lorsque l’on marche depuis longtemps, ce parcours ne représente pas de difficulté physique majeure.

Nous avons progressé régulièrement pour s’autoriser un grand café à Viana. Un village charmant typique Espagnol mais je trouve qu’il y a moins de différence d’architecture d’une ville à une autre dans le nord de l’Espagne, qu’en France. La grande différence se trouve principalement tournée vers les églises, qui sont assez riche dans leurs ornements avec plus ou moins d’Or.

Logrono, je suis descendu au gîte municipal, NUL NUL ! En dehors du fait qu’il a fallu que je me lève à 4h00 du matin pour empêcher des Italiens d’allumer le dortoir, qui face à ma détermination on fait demi-tour. Bonne nuit.

40ème ETAPE : Logrono à Najera - 29 km

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Levé 5h00 pour un départ 6h00, presque la nuit pour une grosse journée, éviter la chaleur et être sur d’avoir une place à l’arrivée.  C’est parti, pour laisser dernière moi la fine équipe de la veille, préférant aujourd’hui marcher à mon rythme. Il est en effet important de ne jamais oublier d’être seul pour se retrouver avec soi-même, avec les siens, pour enrichir sa réflexion et sa méditation.

C’est lors de ces moments de solitude que l’on a le temps d’apprécier le présent. Tous ces instants par l’effort, les rencontres et les avis exprimés par chacun nous nourrissent, nous construisent et enrichissent nos réflexions puis nos méditations. C’est à grâce au chemin que j’ai pu prendre du recul sur la vie, le quotidien et sur les personnes, pour donner un sens à ma vie et définir mon équilibre spirituel attendu (des sujets qui feront peut être parti d’un livre plus tard)

Ce matin je marche à travers des vignes à perte de vue par un temps frais et sous un ciel plutôt menaçant.  Quelques gouttes m’ont accueilli très vite après quelques kilomètres m’invitant à accélérer le rythme pour éviter le pire car je n’ai pas envie de prendre la même "rincée" que dans les Pyrénées. Ma condition physique étant à son top, j’apprécie à chaque fois ce plaisir de marcher-courir... cela me rassure, m’enivre et me fait plaisir.

C’est une dépense physique qui pour ma part est importante en terme d’équilibre et qui me conduit bien souvent à pousser mes réflexions personnelles plus loin, avec plus de sincérité, d’engagement, de clarté. Entendre battre mon coeur me donne des ailes car tout prend une définition différente, comme si une puissance étrangère me transportait, comme si un esprit m’enveloppait, comme si quelqu’un me guidait et comme si une force se réveillait en moi. Chaque jour qui passe et plus j’ai envie d’aller vite ou lentement au gré du vent, mais plus j’ai envie au plus profond de moi... c’est magique, irrésistiblement et apaisant ... c’est le chemin.

A ce rythme, j’ai fini par rattraper tous les lèves-tôt même les Espagnoles sans sac à dos grâce à leur voiture suiveuse. Ces derniers se permettant des réflexions à qui de droit sur leur passage lorsqu’ils n’avançaient pas assez vite... Bande d’... on voit qu’ils sont chez eux ! Là aussi, il y aurait beaucoup à raconter sur la nature humaine quand aux différentes personnes rencontrer quelques soient leurs nationalités (des sujets qui feront peut être parti d’un livre plus tard). Après avoir rejoins un charentais solitaire parti de chez lui, je l’ai quitté pour différentes raisons pour finir seul et arriver tôt au gîte communal. Toute la troupe d’amis est arrivée 3h00 plus tard pour se retrouver en soirée, autour d’une belle tablée toujours aussi, rayonnante et pétillante.

ecrivain-1.gif C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche !

41ème ETAPE : Najera à Santo Domingo de la Calzada - 21 km

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Comme d’habitude levé 5h00 pour un départ à 6h00 et fuir ce gîte lamentable de 100 place avec 2 douches dont une cassée. Heureusement que je l’ai prise en premier car les suivants ont eu de l’eau froide... 3ème nuit que je dors mal avec ces fous de Coréens qui se réveillent à 4h00 du matin, certes c’est un peu la course aux gîtes, mais quand même faut qu’ils arrêtent de stresser tout le monde, surtout pour arriver dans les derniers.

Me voilà donc parti à la fraîche, un temps lourd et chaud ayant été annoncé la veille. En tout cas j’ai hâte d’arriver à Burgos pour continuer avec mon amie qui arrivera par un train direct de Paris.  Le paysage est toujours aussi vallonné, très beau avec ses vignes et céréales à perte de vue, où le trafic de pèlerin est toujours aussi dense comme des tortues qui courent vers la mer, cela dit c’est un peu le cas.

Je chemine tranquillement vers Santo Domingo de la Calzada en passant par Azofra et Ciruena, en empruntant des chemins complètements inondés. Là il faut être léger comme une plume, choisir une trajectoire pour éviter de finir avec de l’eau jusqu’aux genoux, cette eau provenant des systèmes d’arrosages qui débordent. Au passage, je rencontre des pèlerins "je m’en foutiste" qui ont pris l’option de marcher dans les blés, détruisant tout sur leur passage. Aussi, chaque fois que j’en dépassais, je me suis déclaré protecteur des agriculteurs et mis tout ce "beau monde" dans l’ordre de marche. Mais comme par hasard, j’ai constaté que ces sans gène sont des marcheurs du dimanche, des randonneurs, des "pèlerins de la quinzaine" qui ne veulent pas salir leurs chaussures, hé oui...c ’est l’Espagne !

D’un bon pas, je suis arrivé à 10h00 du matin...avec une légère fatigue bien naturelle mais très saine. Quelques massages, une petite sieste à 11h00 du matin, un déjeuner entre pèlerin sportif, une autre sieste vers 14h00 après avoir fait ma lessive et m’être masser. Je ne peux être qu’en forme le lendemain avec de telle précaution. Nous nous sommes retrouvés au resto du coin où nous avons passé une agréable soirée avec au buffet, tapas à volonté, puis rejoindre nos gîtes respectifs (Si vous vous arrêtez dans ce village, je vous conseille d’aller dormir à l’abbaye, qui est mille fois mieux)

42ème ETAPE : Santo Domingo de la Calzada à Belorado - 23,4 km

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   artistes-musiciens-44-1.gif(les flutes indiennes pour l'esprit du chemin)

5h45 réveil ! mais quel magnifique gîte, avec des salons et des dortoirs spacieux, sauf qu’il m’a fallu que je me fâche avec une Italienne qui pendant la sieste conversait sur son portable comme si nous n’étions pas là et la deuxième fois à 10h00... il y a de tout sur le chemin, il faudra que j’écrive quelques mots un jour sur le comportement humain sur le chemin.

6h00 le petit déjeuner copieux dans une cuisine superbe aux équipement multiples, en compagnie de tout une bande d’amis du chemin rencontrée au file des croisements, des collines, des forêts etc

6h30, je pars rejoindre la bande de joyeux lurons au gîte voisin, pour finalement partir avec une Québécoise (dite la cousine) et un Français de Lyon, en direction de Belorado en passant par Granon, Redecilla del Camino, Viloria de Rioj, Villamayor  del Rio et Belorado. Un parcours simple, sans difficulté majeure sous un ciel relativement couvert mais qui en de journée sera un soleil magnifique comme tous les jours depuis plus d’une semaine. Journée cool et agréable dans la bonne humeur pour 5h00 et 23 km environ, qui me permet aussi de me reposer physiquement car je n’avais pas envie de "courir" aujourd’hui. En tout cas, j’ai passé un agréable moment en compagnie de la cousine qui avec tous ses mots "anciens" enfin ! Québécois m’a bien fait rire. Une sincère amitié qui nous a amenée à marcher souvent ensemble et aborder bon nombre de sujets passionnants. Nous avons rattrapé quelques amis, dont des Norvégiens adorables et merveilleux, presque des parents amis... pour nous arrêter au gîte privé de A. Santiago  superbe, refait à neuf, accueillant avec une piscine fraiche mais bien agréable sous le soleil chaud.

A la table d’un restaurent du village, nous avons passé une soirée sous le thème de l’amitié sincère....

43ème ETAPE : Belorado à Agès - 28 km

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Départ 7h15 avec la troupe pour Agès, en passant par Villanbistia, Villafranca Montes de Oca et San Juan de Ortega. Une "grosse" étape dont on sait par avance que la journée va être très chaude, avec quelques côtes correctes et très peu d’ombre... dur ! pour les pieds ! car même si j’ai l’avantage d’avoir une très bonne condition physique, je n’échappe pas d’avoir les pieds en feu. Je reconnais par ailleurs d’avoir beaucoup de chance sur ce plan là, avec une faculté de récupération surprenante. Quand aux côtes présumées, elles restent du gâteau à comparer en France.

J’avoue que depuis Saint-Jean-Pied-de-Port j’ai un peu la tête ailleurs, car impatient de retrouver mon amie à Burgos, à savoir après demain. En France, se fut la découverte du chemin, mais aussi le test physique pour être au mieux de ma forme, ce qui d’ailleurs c’est très vite vérifier comme être un formidable avantage par des petits challenges personnelles de chrono. Surement la compétition sportive m’a t-elle aidé à ce niveau là, car secrètement j’ai tout fait au début pour battre les meilleurs marcheurs. Sans doute me fallait passer par cette phase pour aller plus avant sur le chemin, qui est le plaisir d’être là, le plaisir de réfléchir, le plaisir de méditer...etc.

Lorsque je suis arrivé à la frontière Française, à Saint-Jean, j’avais déjà vécu tellement de chose, dans mon corps, dans ma tête et dans mon coeur, que cette arrivée fut considérée psychologiquement, comme la fin de mon chemin. Comme si j’avais fait le tour de la question et que cela me suffisait. Cela aurait pu l’être si je ne devais pas rejoindre une amie à Burgos. Aussi, il ma fallu me remotiver pour continuer, prendre conscience que mon chemin n’était pas fini, qu’il me restait encore des centaines de kilomètres de bonheur et de découverte. C’est pourquoi, lorsque je suis entré en Espagne, j’ai eu ce besoin de me dépenser plus et que j’ai commencé à courir pour me faire réagir. Dans ce même état d’esprit, j’avais besoin par moment de ne pas marcher seul, chose que j’aurais fais plus souvent en France.

Nous traversons cette fois-ci des paysages très différents, après quelques côtes sérieuse, nous sommes arrivés sur un plateau recouvert de forêts de résineux, notamment de pins aux milles odeurs, traversées de chemin de terre à la couleur presque rouge brique. Surprenante vision superbe très contrastée avec ce que nous avions vu jusque là. Seule chose la chaleur ambiante, étouffante et chaude nous assommait et rendait nos pas lourd. Il aurait fallu partir encore plus tôt, soit une erreur tactique de débutant de ma part. Bref ! Nous avons marché d’un bon pas en compagnie d’un américain de Seattle, mais, je me sens quand même fatigué à l’approche de Burgos...

Nous sommes arrivés au gîte privé de El Pajar, pour se retrouver entasser comme des sardines, dans des dortoirs exigus où malgré les douches régnait l’odeur des pèlerins.  Une agréable soirée nous a remis sur pied de cette journée chaude, puis assommés nous nous sommes effondrés pour la nuit.

44ème ETAPE : Ages à Burgos - 26 km

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Départ 6h00 pour éviter les fortes chaleurs qui finalement ne viendront pas aujourd’hui, avec une distance raisonnable en Direction de Burgos. Une journée bien différente car chargée d’émotion puisque c’est ici que mon amie va me rejoindre pour continuer ensemble.

Il fait très frais ce matin et sous un ciel bas, je prends la route en compagnie de ma "cousine" Québécoise, pour une nouvelle partie de rire en commençant par une côte sévère qui nous accueille à froid. Nous arrivons sur un plateau, type l’Aubrac, dépouillé de tout où seuls des arbustes bas peuvent pousser entre les cailloux. Que c’est beau !

Nous marchons parfois ensemble pour exprimer une pensée puis seul, où chacun semble perdu dans ses réflexions. Burgos est une étape importante pour moi, comme celle de Saint-Jean-Pied-de-Port l’était. Burgos est comme un nouveau départ, une page se tourne sur mon chemin parcouru pour en écrire une autre, mais cette fois-ci à deux. Je revois tout ce que j’ai vécu, hier dans la vie et sur le chemin depuis mon départ mais aussi demain, pour le continuer différemment. Des réponses ! j’en ai eu des centaines depuis que je suis parti, aussi je reste calme et confiant pour l’avenir avec des espoirs différents, simples qui resteront privés ...

Je marche d’un pas lourd, comme fatigué, car c’est l’émotion qui m’envahit petit à petit à l’approche de Burgos. Nous croisons quelques Coréens catholique, que nous apprécions pour leur sourire, leur simplicité et volonté dans l’effort, car c’est dur pour eux. Lorsque soudain surplombant la vallée apparaît au loin à 20km, la ville de Burgos. Ca y est, elle est là, étendue devant moi, discrète dans le paysage vallonné. C’est une gifle d’émotion qui m’envahit, mes jambes solides semblent fragiles, mon coeur entraîner semble manquer d’oxygène, heureusement que ma "cousine" est là ! merci la "cousine" !

Dans la vallée nous rejoignons notre groupe d’amis de tous horizons. L’arrivée semble loin, comme si la ville reculait devant nous, interminable chemin de contournement de la zone industriel au paysage triste et sale aux abords de cette grande ville. Un café rapide au passage, premier réconfort d’un autre groupe d’amis, puis c’est l’arrivée dans Burgos, là s’en est trop, je craque, m’effondre d’émotion, tout bascule dans la tête, mon coeur, mes jambes...deuxième réconfort de mes amis.

Après un pique-nique au soleil, j’ai pu reprendre mes esprits entouré de mes amis pèlerins, puis nous nous sommes dirigés vers le centre ville pour rejoindre le gîte municipal Casa del Cubo (MAGNIFIQUE, ARRETEZ-VOUS LA) Quel instant magique j’ai vécu aujourd’hui, car lorsque je me retourne maintenant je sais que j’ai fais du chemin mais lorsque je regarde devant moi je sais que j’ai encore beaucoup de chose à faire.

Je suis resté 3 nuits sur Burgos. 2 jours avec des amis pèlerins restés également pour se reposer avant de repartir au Gîte Hospital de Santiago y Santa Catalina (GENIAL). Après de merveilleux moments passés ensemble, ils ont repris leur route et j’ai attendu mon amie.

Pour la suite du chemin, rendez-vous à l’étape : Burgos à Ponferrada


 ecrivain-1.gifQuand l’Homme marche vers son destin, il est bien souvent

                      forcé de changer de direction

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