Burgos à Ponferrada : 13 ETAPES

47ème ETAPE : Burgos à Hormillos del Camino - 20,5 km

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   artistes-musiciens-44-1.gif(ce blue vous transportera...sur les pas de Saint-Jacques)

J’ai retrouvé mon amie à Burgos où nous avons passé une journée à visiter et nous reposer. Quelques amis croisés au hasard d’une ruelle, d’une terrasse comme un accueil à ce nouveau départ à deux.

Départ à 6h30 après un petit déjeuner sur le pouce comme j’ai horreur, car partir le ventre presque vide me casse le moral. Pas un chat dans les rue de Burgos à part quelques fous comme nous mais l’avenir, dit-on, est à ceux qui savent se lever tôt. Quelle étrange sensation de penser qu’hier je marchais seul et que maintenant on va être deux. Lorsqu’on marche seul on pense à soi, mais marcher à deux on pense pour l’autre, à deux ou pour deux. Après quelques kilomètres l’air frais m’a remis de bonne humeur, comme si le chemin reprenait ses droits. Allez Saint-Jacques ! je compte sur toi !

Mon humeur tendue est que le poids de mon sac à dos c’est alourdi d’affaires de mon amie. St-Jacques-la-Mecque a frappé, rire ! et pour ceux qui ne comprennent pas, regardez le film de ce nom, rire ! son sac devait faire 7 kg tout compris et là, on est près de 8,5 kg ! Je vous rappel que le mien est entre 8 et 8,5 kg. Ah les femmes, aussi à la prochaine opportunité, l’excédant prendra le train en première classe si nécessaire !

Nous avons passés les contreforts de la Meceta et rejoins le plateau du même nom, si mythique. Un paysage surprenant à perte de vue, sous un vent et une température plutôt fraiche à cette époque. Ce plateau est magnifique avec de la céréale jusqu’à l’horizon, entre 900 - 1000m d’altitude. Si nous sommes entrés dans cette région sous le beau temps, je ne voudrais pas être dans ce coin sous de mauvaises conditions climatiques. Nous avons fait une halte à Rabé de las calzadas, pour un grand café et bon casse-dalle...le moral des troupes va nettement mieux. 

Cette première journée c’est déroulée sans encombre particulière, car c’était une étape très important pour elle sur le plan physique. Une appréhension que nous avons tous eu au départ. Je suis rassuré et dans la bonne humeur, nous sommes arrivés à Hormillos del Camino à un gîte privé très sympa. Les massages furent à l’honneur comme d’habitude, le dîner agréable en compagnie de pèlerins et la nuit reposante.

48ème ETAPE : Hormillos del Camino à Castrojeriz - 20,5 km

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Départ 7h00 après une première nuit en dortoir pour elle. Pour information, mon amie n’a jamais fait de randonnée, ni même  dormi dans un dortoir, alors imaginez le contexte. Pour ma part, même à l’armée ou chez les scouts, je n’ai jamais dormi dans des chambrées pareilles, rire ! certes, j’ai fais bien d’autres choses, soit plus dures, plus compliquées ou plus dangereuses... ça aide ! J’espère seulement que ces kilomètres d’entraînement lui seront utiles comme ils l’ont été pour moi.

Nous voici donc en route pour Castrojeriz, en passant par Sambol, Hontanas et le Couvent St-Antôn. De toute façon, l’objectif est d’y aller calmement pour prendre la mesure du chemin car elle n’a pas le même rythme que moi. Quand à moi, je dois accepter cette situation, qui aussi, n’est pas facile lorsqu’on marche seul depuis très longtemps. Mais c’est un nouveau chemin.

Il fait froid ce matin à 900m d’altitude avec ce ciel nuageux ! et dire que nous sommes au moins de juin, pourvu qu’il ne pleuve pas. En tout cas, ce plateau reste magnifique avec ses champs à perte de vue où sont entreposé des tas de cailloux, signe du passage de l’homme pour une agriculture intensive. D’ailleurs je ne sais si l’Espagne a les mêmes contraintes qu’en France, mais les traitements de leurs cultures ont quand même une drôle de couleur...

Le chemin, large comme un autoroute et parfois bétonné serpente sur ce plateau à perte de vue. Pas une âme qui vive ici, à part les quelques pèlerins en marche, seul ou à plusieurs. Quelle étrange sensation ce lieu, car tout est calme et impersonnel. Au passage, nous dépassons un hôpital pour pèlerin tenu par des bénévoles français et Espagnol. Il faut savoir qu’à la grande époque, il y avait environ 200 hôpitaux le long du chemin jusqu’à Saint-Jacques. Aujourd’hui, sauf erreur de ma part, il en reste seulement 8 mais beaucoup d’entre eux ont été transformés en parador (des palaces Espagnols splendides)

Nous nous arrêtons à Hontanas pour nous restaurer d’un tapas à l’omelette, plat très typique Espagnol bourratif à souhait. D’ailleurs, il faut qu’elle mange plus sinon tout se paie un jour... mais pour l’instant c’est la pleine forme. A Castrojeriz, nous sommes descendus au gîte d’El Mason, grignoté un morceau, visité le village tout mimi, dîner un menu pèlerin au bar du coin et dodo au calme sans ronfleur cette fois-ci.

49ème ETAPE : Castrojeriz à Fromista - 23 km

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Levé 6h00 pour un départ à 7h00, en commençant par un petit déjeuner sur le tas, mais plus copieux cette fois-ci. J’avoue être soucieux de ce côté là car vraiment elle a un appêtit de moineaux, aussi, j’espère que cela ne va pas lui jouer de mauvais tour plus tard. Tous les pèlerins au long-court que nous sommes, savons que ce n’est qu’une question de temps pour que le corps souffre d’un déséquilibre.

Le gîte se réveille comme d’habitude dans un brouhaha  pas possible car les tortues se préparent à reprendre leur longue transhumance vers la mer. Mais lorsque je vois certain sacs si lourds, même des femmes, c’est de la pure folie ! Aujourd’hui nous passerons Itero de la Vega et Boadilla del Camino, le tout à 800m d’altitude environ. Autant dire tout de suite que le temps va être frais là haut. Après une côte catégorie 6 nous cueille à froid, nous arrivons en haut pour admirer une magnifique vue sur la vallée avec ses "montagnes" surmontées d’Eoliennes. En effet, en Espagne, elles poussent comme des champignons. Quel vent glacial sur le plateau mais heureusement il est plein nord, signe avant-coureur d’une belle journée ensoleillée.

Elle est Fatiguée aujourd’hui avec quelques douleurs dans les chevilles et les genoux, surement des courbatures... à suivre. Aussi, mon sac est encore plus lourd pour lui voir pris quelques affaires supplémentaires. Vaut mieux qu’elle se ménage puisque je suis en pleine forme. Nous avons donc le temps de d’aborder beaucoup de sujets différents, le chemin est si propice à cela. Cela permet d’apprendre à nous connaître mille fois mieux que si nous étions assis à une terrasse de café à Paris. Ici, c’est la liberté de penser, d’agir et de vivre.

Nous avons pris un rythme cool et zen , NO STRESS ! avec des haltes fréquentes, pris le temps de grignoter, de rire, de parler avec d’autres pèlerins, de savourer le temps que de marcher ensemble. Je la conseille aussi, sur la façon de marcher, l’importance de bien régler son sac à dos, de marcher droit pour respirer, de poser le pied délicatement, pas de choque bruste répétitif sur le talon, d’éviter les cailloux mais rechercher les graviers qui massent la voute plantaire, rechercher l’herbe et bien d’autres subtilités. Savoir lire le chemin paraît simple mais c’est un art ! sur la durée afin de ménager son corps.

Nous sommes arrivés avec ses douleurs en fin de parcours, BRAVO ! quelle volonté au finish ! BRAVO ! Un village tout en longueur interminable, incroyable ! Par contre le gîte Camino de Santiago, NUL ! mais un pèlerin fatigué s’adapte à tout. Douche, massage, un bon dîner entre pèlerins et "mars ça repart".

50ème ETAPE : Fromista à Carrion de los Condes - 19 km

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Départ 7h00 et déjà beaucoup de monde en marche. Aujourd’hui une courte distance pour reposer les jambes et pieds de mon amie. Ainsi, nous pourrons profiter différemment du chemin qui commence mal avec une légère pluie, qui heureusement ne durera mais sous un vent comme dit mon père "à décorner les bœufs" glacial.

Ah j’allais oublier de vous dire, contrairement à tous ce que vous pourrez lire et entendre sur l’impossibilité de réserver en Espagne. Faux ! il suffit de parler Espagnol et cela vous évitera de courir comme toutes ces tortues inquiètes.

Nous voilà donc partis en direction Carrion de los Condes en passant par, Poblacion de Campos, Villovieco et Villalcazar de Sirga, le long du rio Ucieza. Une rivière calme, discrète qui reste encore très sauvage. La plupart des chemins en Espagne suivent une route, aussi, lorsque nous avez la possibilité, n’hésitez-pas, c’est quand même plus dépaysant. Nous croisons sur notre passage quelques pèlerins isolés ainsi que des Coréens, les pieds en compote, mais qui restent toujours aussi souriant et chaleureux. Sachez que ces derniers sont pour la plupart des catholiques pratiquants et venir de si loin... Bravo !

Nous avons donc le temps pour apprécier le paysage, parlé de tout et de rien, qui n’est jamais RIEN ! puis d’apprécier au détour du chemin, une chapelle, une église lorsqu’elles sont ouvertes, ce qui est rarement le cas en Espagne et pratiquement toujours en France. Sur notre passage, l’église Hermita de San Miguel en réfection qui sera splendide.

Par contre, la douleur s’accentue pour mon amie. Pour les genoux c’est de la fatigue mais sur le dessus d’un pied, je pense plutôt à une tendinite. Si c’est le cas, je sais que cela peut être éliminatoire. J’ai tellement vu de casse, de blessure tout le long du chemin, que je suis très inquiet pour elle. Je ne lui ai rien dis, mais je vois bien quelle souffre beaucoup malgré toute sa bonne volonté. Bravo ! car bien d’autres auraient jeté l’éponge, mais déjà j’ai pris la décision d’arrêter 1 jours, puis de raccourcir les étapes pendant quelques jours pour que l’organisme ait le temps de récupérer un peu... à suivre !

Nous sommes arrivés à destination en compagnie également d’une autre femme, qui elle aussi avait sur les tibias deux tendinites, le fléau principal du chemin. Nous nous sommes arrêtés au gîte del Collegio Espiritu Santo (un vrai interrogatoire d’identification) pour être logé en dehors du couvent dans une petite maison individuelle, confortable et bien équipée, où résidait également un autre couple. Autant vous dire qu’il n’y a pas mieux pour récupérer de ses blessures, en dehors bien sur, d’arrêter de marcher. Après un bon repas en groupe, les massages etc...dodo.

ecrivain-1.gif Une chose ne vaut que par la manière dont on la voit, aussi là

                      voit-on à travers la valeur qu’on lui donne

51ème ETAPE : Carrion de los Condes à Terradillos de Los Templarios - 26km

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               artistes-musiciens-44-1.gif(blue ... toujours du... blue)

Départ à 7h00 après un petit déjeuner copieux au calme de cette petite maison où l’accueil des petites sœurs, fut merveilleux et délicat. Frais ce matin avec un léger petit vent du vent pour nous réveille et de légères courbatures pour mon amie... à suivre ! La journée se révèlera de type "grille pain " quand à la chaleur du soleil.

Nous voici donc en chemin pour la direction de Terradillos de los Templarions, en passant par Calzada de los Molinos avec ses magnifiques églises, Calzadilla de la Cueza Ledigos et Ledigos. Nous avons rejoins quelques pèlerins, dont un couple Autrichien avec qui nous avons pu converser avec les mains car ils ne parlaient pas un mot d’anglais, dur ! ce qui n’empêche pas de rire.

Le rythme plus cool semble satisfaire mon amie qui a retrouvé le sourire. Saint Jacques ferait-il des miracles ! Aussi, savourons l’instant présent qui semble nous sourire. A l’abbaye de Bennevivere, nous nous sommes arrêtés un instant pour apprécier son silence, chacun dans ses pensées, nous restaurer un peu, puis reprendre notre route. C’est difficile de marcher à deux surtout si l’un est blessé. A deux tout est différent, le rythme et les rencontres également. En effet, seul vous pouvez décider de marcher avec la personne de votre choix. Mais à deux, l’équilibre de la marche doit être à l’unisson, pas évident lorsque les capacités physiques sont différentes et si vous rencontrez une personne, elle ose pas rester avec vous, imaginant qu’elle va vous déranger. Par contre rencontrer un autre couple est plus facile.

Un chemin à perte de vue encadré de champs de céréales, nous conduit à Calzadilla de Cueza, où nous avons pris un "bon" café car vraiment ça caille ! Au passage, nous avons rencontré une jeune femme de Dunkerque avec qui nous avons marché, enseignante et issue d’une famille non pratiquante. Cette dernière a eu une révélation et c’est ce qui la conduit sur le chemin. Un témoignage surprenant, intéressant qui nous a amené à aborder beaucoup de sujets avec sincérité et humilité, le tout dans la bonne humeur et avec complicité. De toutes mes rencontres ou presque, celle-ci fut riche d’enseignement sur le plan de la foi.

Pas après pas, nous sommes arrivés à notre gîte d’étape prévu qui nous a fermé la porte au nez, sans autre mot que dire "completo". Vive l’accueil des pèlerins en Espagne ! Aucun regret, car le gîte suivant magnifique, fut un vrai bonheur à tout point de vue. Nous avons passé l’après midi au soleil à refaire le monde, nos massages, puis apprécier un dîner délicieux présenté par un Français. Rien à redire pour ce gîte privé de Los Templarios.

52ème ETAPE : Terradillos de los Templarios à Calzadilla de los Hermanillos - 24 km

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Levé 6h00 pour un départ 7h00 sous un ciel hésitant pour Calzadilla de los Hermanillos en passant par San Nicolas del Real Camino, La croix del Puenta, Sahagun et Calzada del Coto.

Pleine forme ce matin, où les séquelles semblent disparaître peu à peu, pour mon amie, merci Saint Jacques car aujourd’hui, elle court comme un lapin. Le début de l’itinéraire n’est vraiment pas drôle en bordure de la route sur des kilomètres, en compagnie de notre jeune jacquaire du nord. Cela dit cela ne nous empêche pas de rire, de refaire le monde dans la bonne humeur, de croiser bon nombre de pèlerins et toujours autant de blessés. Tout se passe sans encombre dans ce paysage quelconque et dans un bruit continu des voitures. A Sahagun, nous prenons le temps de faire quelques courses, puis de nous restaurer un peu avant de repartir.

Fort de sa forme, nous rejoignons notre chemin désertique sous un demi soleil de plomb et culminant à 817m. Tout va bien dans ce paysage un peu lunaire, malgré le poids de mon sac qui n’a jamais été aussi lourd. Mais l’Homme est solide, rire ! Nous avons rencontré des Allemands  qui comme nous prenaient la voie Romaine. Pas un chat ici ! car c’est l’ancien tracé moins fréquenté, sauf de la terre rouge et du sable à perte de vue mais réputé pour être magnifique. N’hésitez pas ! c’est magique ! Là, tout est une question de volonté.

Puis arrivé à 8km, cela a commencé à être l’horreur pour elle avec ses pieds. Mais où nous étions, c’est dire dans le désert total, nous n’avions plus le choix que de marcher sous un ciel qui se fait de plus en plus menaçant. L’horreur, elle avait l’impression d’avoir des aiguilles dans les pieds, dur ! Encouragement ! Pause après pause ! pas après pas ! le chemin n’était plus une partie de plaisir mais cauchemar infernal.

A pas de tortue, espérant éviter l’orage qui arrivait au galop dans notre direction. Soudain un vent violent puis les premières gouttes sont tombées et lorsque nous avons fermé la porte du gîte, un déluge c’est abattu inimaginable, c’était l’arche de Noé ! Merci Saint Jacques de ta clémence dans nos difficultés. Le reste de l’après-midi a été de récupérer, de se masser, de dormir puis de partager un bon repas entouré de nouveaux pèlerins, venus de Savoie et de Paris.

53ème ETAPE : Calzadilla de los Hermanillos à Mansilla de las Mulas - 24 km

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Départ 6h30 pour éviter les chaleurs annoncées, après un déjeuner copieux, car mon amie a vraiment un appétit de moineau. Il fait frais, mais des paysages toujours aussi beaux que surprenant aussi du aux différents jeux de lumières qu’offre le levé de soleil sur ces plaines.

Nous voilà donc en marche pour Mansilla par la voie Romaine, en passant par Reliegos. Pas de villages d’étapes, donc toujours aussi paumé dans la "pampa Espagnole" sans âmes qui vivent ! Ce qui va être encore une dure épreuve pour mon amie. Comme hier au début tout va bien, aussi, nous profitons pleinement de l’instant présent, du calme, de la solitude car seuls, d’exprimer nos ressentis, nos motivations, nos craintes, etc.. c’est l’impact et la magie du chemin qui opère, toujours aussi incroyable qu’apaisant.

D’un chemin nous passons à une route et vis versa, à travers ces champs encore verts à cette époque. J’imagine en plein été ! au secours, la chaleur doit y être une horreur et provoquer de multiples souffrances physiques et psychologiques. Surtout lorsqu’on n’y est pas préparé, ni averti par expérience. Certes j’ai eu et nous avons eu de la chance cette année, d’avril à fin juin, car j’aurais eu le monde, la chaleur et beaucoup de pluie sur cette période scolaire 2011.

Kilomètres après kilomètres, avec beaucoup de volonté pour mon amie qui en fin d’étape avait encore mal aux pieds, nous sommes arrivés à notre destination pour nous arrêter au gîte Centro de turismo rural El Puente. Quelques pèlerins y étaient déjà, plus une bande de cyclistes bruyants de jour comme de nuit d’ailleurs, mais où nous avons pu reprendre des forces après une bonne douche et la siesta Espagnole. Après avoir suivi la finale de tennis de Roland Garos à la télévision dans la salle commune, nous avons pris le temps de visiter ce village fortifié avant d’aller engloutir un bon dîner pour des pèlerins affamés.

54ème ETAPE : Mansilla de las Mulas à Leon - 16 km

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Départ 10h00, presque une grâce matinée, compte tenu de la faible distance à parcourir pour nous rendre à Léon, une des grandes villes magnifiques.

Mon amie est en pleine forme sans aucune douleur pour cette étape sans difficulté majeure et pourtant j’ai pris la décision de faire ce trajet en bus, afin qu’elle récupère mieux car il reste encore environ 350 kilomètres. Il lui fallait faire une trêve musculaire avant que cela se gâte vraiment, puis prévenir c’est guérir dit-on ! alors on verra bien !

Aussi, j’avais décidé de rester avec elle, pour ce moment psychologiquement difficile à supporter, considérant qu’il était plus important de finir en entier et à deux, que seul, ce qui n’était pas notre objectif commun. De toute façon, j’avais personnellement déjà fait mon chemin avec beaucoup de kilomètres supplémentaires par toutes les variantes que j’avais emprunté. Par conséquent, je n’ai pas eu le moindre remord, ni même de déception, bien au contraire, puisque cela fait partie de la vie du chemin à deux.

Arrivé à Léon, nous nous sommes allés à l’office du tourisme Espagnol qui nous a trouvé un gîte familial chez un particulier où d’autres pèlerins étaient déjà présents. Quelle chance, la vue de la terrasse donne sur une magnifique place, avec en fond de tableau à portée de main la cathédrale de Léon,  quel privilège !

Après s’être reposé et déjeuner à une terrasse de café avant le couvre-feu Espagnol, soit la "siesta", nous avons profité d’être arrivé tôt pour visiter la ville et ses fortifications. C’est vraiment une ville magnifique mais pas aussi jolie que Pamplouna. Une sieste, puis nous avons "traîné" de magasin en magasin... rire ! Les femmes ne changent pas... même à l’étranger avec pour unique consigne "tout ce que tu achètes, tu le portes" ça calme et ça évite de faire chauffer la carte bancaire, rire !

A demain.

ecrivain-1.gif Le chemin de la sagesse ou de la liberté est un chemin qui mène

                     au centre de son propre être

55ème ETAPE : Leon à Villadangos del Paramo - 22 km

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Départ 6h30, dur pour ceux et celles qui ne sont pas du matin ! Mais marcher à la fraîche, pour arriver tôt, puis ne rien faire si ce n’est se reposer, se masser et visiter, est la seule manière de repartir le matin en pleine forme. Surtout lorsqu’on fait de longues distances.

Comme je l’avais évoqué, nous sommes également allés à la poste. Vous avez compris j’en suis sur ! Nous avons réexpédié presque 2 kg d’affaires de madame sur Paris. Hé oui ! Fini Saint-Jacques la Mecque (que vous avez eu le temps de regarder entre-temps bien sur) et maintenant son sac fait entre 6,5 kg et 7 kg. Quant au mien, il a repris une taille normale lui-aussi ! rire ! 8kg environ. On va pouvoir courir maintenant ! rire !

Il avait été décidé de rester une journée supplémentaire sur Léon afin que mon amie puisque récupérer pleinement. A son enthousiasme et à sa forme, nous voici donc équipés et prêt à partir. Ce matin, un crachin breton nous accueille, alors que pour un pèlerin aguerri c’est rien du tout, cela peut finir à mouiller quand même. Aussi, notre passage à la cathédrale sera peut être entendu par nos prières, que le beau temps soit au rendez-vous.

Nous rejoignons le balisage du Camino et nous voilà partis, équipés en tenue de pluie, personnellement préférant rester en short avec des petites guêtres, pour éviter que l’eau voir les cailloux ne pénètrent dans les chaussures. Au passage, nous croisons le premier Parador (palace Espagnol) magnifique et après avoir visité les accès publics, nous reprenons notre chemin. 4 kilomètres plus loin, première halte pour un bon vrai café bien chaud car rien de tel pour le moral des troupes.

Un itinéraire nul, 20 km principalement le long d’une route départementale ou express, avec des zones industrielles, alors, autant vous dire que l’Espagne ne vaut pas la France. Je ne sais pas quel est le pingouin qui a fait le tracé, mais il n’a surement jamais marché celui-là. Par contre la pluie a cessé mais le plafond nuageux, reste encore noir et très bas. L’autre fait plus agréable, est que mon amie paille comme un poulet, c’est donc que tout va bien. Le soleil commence à apparaître petit à petit et avec la pluie de la nuit, de marcher sur ce sol humide est un vrai bonheur pour les pieds. Une légère brise vient de se levé pour couronner le tout, ce qui nous met dans de parfaite condition pour avaler ces kilomètres.

Je ressens une certaine fatigue me gagner. Est-ce l’approche de st-jacques, est-ce le cumul des km, l’inquiétude des blessures de mon amie ? Surement juste un coup de pompe psychologique sans importance qui ne saurait stopper notre motivation. Il faut absolument faire un break ! Finalement nous sommes arrivés, à la volonté pour mon amie, au gîte de Alto del Paramo, un bar routier à l’accueil plus que très chaleureux...

56ème ETAPE : Villadangos del Paramo à Astorga - 22 km

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Levé à 9h00, car après avoir murement réfléchi et pour préserver les forces de mon amie tout en n’aggravant pas ses blessures qui semblent se résorber, il est été décidé de prendre le bus jusqu’à la prochaine étape. Par contre d’un commun accord, si ces dernières ne s’arrangent alors je continuerais seul quelques jours.

Mais pour revenir au gîte de la veille, super agréable... un accueil parfait, simple et convivial, puis un dîner entouré de routier. Cela change de l’ambiance très pèlerin car nous étions les seuls, mais quelle sympathie de tous, venant parler avec nous, s’intéressé à notre projet sans compter l’aide précieuse du patron dans notre recherche de bus. Car les bus en Espagne, c’est rien de le dire, il faut le vivre, et le vivre c’est "folklo" En clair ! ils partent, s’arrêtent et sont à l’heure quand il veulent...

Après le dîner cela c’est fini au bard, tournée sur tournée en l’honneur des petits Français, offerte à tour de rôle par les routiers et le patron du Bar. Autant dire que l’ambiance était à son comble avec au finish le chupachu del herbas, une sorte de liqueur comme de la chartreuse. Du petit lait disent-ils, mais qui assomme à petit feu.  Sur ce coup là, mon passé officier m’a bien aidé à encaisser les verres (avec tous le respect que ’j’ai pour les officiers, bien sur, car je n’ai que de bons souvenirs)

La nuit fut agitée comme vous pouvez l’imaginer, j’avais l’impression de dormir dans un bateau en pleine tempête. Mais quel surprenant et agréable souvenir de cette épreuve qui nous a été envoyé par notre protecteur, j’ai nommé Saint-Jacques, rire ! et puis cela fait partie de l’aventure du chemin.

Demain le bus, une sage décision pour éviter que mon amie ne se blesse plus, qui semblerait bien être des tendinites... hélas ! Cela fait partie des épreuves qui là aussi, sont faîtes pour nous faire grandir et apprendre à nous connaître pour avancer dans une même direction..., celle de la vie.

57ème ETAPE : Astorga à Rabanal del Camino - 20 km

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Hier nous donc arrivé voiture grâce à un Espagnol et non en bus comme nous l’avions prévu. En effet, les bus Espagnols comme je vous l’avais dis, c’est le farwest ! Arrivé au point de rendez-vous qui nous avait été indiqué par le bar des routiers, nous avons attendu... attendu... rien ! Une voiture que nous avions arrêté, nous conduit à Villadangos, le centre du village ou doit s’arrêter le bus en provenance de Léon etc. Sur cette ligne de bus qui suit tout le parcours Saint Jacques, autant vous dire qu’il y a plus de pèlerins (blessés) que d’Espagnols. Nous avons encore une fois attendu, attendu... mais toujours rien !

Aussi, mon amie est allée se renseigner au bar du coin, où il lui a été répondu "aujourd’hui, il est surement entrain de déjeuner et ne passera pas" mais un homme qui  déjeunait lui a proposé de nous conduire à Astorga. Mon amie lui dit "mais je ne suis pas seule" l’homme lui a répondu "mais madame sachez dans tous les cas, vous ne risquiez rien!" Nous avons été conduis en voiture par un Espagnol charmant, tailleur de pierre qui avait travaillé sur toutes les cathédrales de la région, tout heureux de son action a pris le temps de nous faire visiter la région avec son histoire, sa culture etc. Incroyable ! Incroyable ! Saint Jacques est toujours là ! Incroyable ! Ce moment fut très plaisant et chaleureux. Arrivé à Astorga, il nous fit visiter la ville, puis nous déposa à notre gîte municipale Siervas de Maria (magnifique, super et parfaitement organisé). L’homme touché par la grâce pour son action pleurait en partant, revient sur ses pas et nous dit "Prier pour moi lorsque nous arriverez à Saint-Jacques" cela nous a touché, bouleversé et investi aussi d’une mission importante.

Nous nous sommes reposés, profités de ce moment de calme pour visiter cette magnifique fortifiée. Nous en avons profité également pour aller à l’hôpital dont le verdict fut pour mon amie, des tendinites. Conclusion : arrêté ou faire de petites étapes! Autant dire que c’est dur à entendre et à accepter mais c’est le chemin où il faut savoir surmonter les épreuves, pour en sortir plus fort, plus humble et plus attentif au petite chose de la vie. Notre chemin à pris à ce moment là une dimension différente, où nous n’avions jamais autant parlé.

D’Astorga à Rabanal, nous sommes passés par Murias de Rechivolda, Santa Catalina de Somoza et cheminés à une altitude d’environ 1000m, dans un paysage semi montagneux, magnifique, couvert de bruyère, coloré par un temps frais, légèrement ensoleillé mais sans pluie, en croisant de nombreux pèlerins connus. Les anti-inflammatoires ont été le recours pour avancer normalement dans cette région où vivent parait-il, environ 2000 loups. La bonne humeur fut alors notre rayon de soleil du jour et sommes arrivés à Rabanal, un petit village tout mignon au gîte municipal de La Senda. Un déjeuner entre pèlerin, une sieste en dortoir, une messe au monastère Bénedictino San Salvador de Monte Irago, un dîner avec des italiens et dodo.

58ème ETAPE : Rabanal del Camino à El Acebo - 33,2 km

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     artistes-musiciens-44-1.gif(toujours en rythm sur du blue)

Départ 7h00 pour El Acebo, en passant par Foncebadon, la Croix de Ferro (signe mythique sur le chemin), l’Ermita de Santiago (alt. 1490m environ) , Monjarin (1451m) et par le mont Mina del Acebo (1511m). Nous voilà donc partis à travers ce paysage montagneux magnifique par un temps très frais mais sans pluie.

Cela fait deux jours que nous marchons dans ce relief, certes haut mais sans difficulté majeure à la différence de la France, qui pour une altitude légèrement moins haute, c’est beaucoup plus accidenté avec des côtes impressionnante et des descentes redoutables. J’imagine marcher dans ces reliefs sous la pluie, cela doit être épique ! la chance fut donc de mon coté en France et le reste encore en Espagne. J’ai beau regardé partout, je n’ai jamais vu de loup, comme indiqué sur tous les points de vue panoramique jalonnant le parcours, dommage !

Pour l’instant sa condition physique s’améliore de jour en jour, donc tout est une question de rythme, avec le seul bémol, les tendinites encore à fleur de peau sous les talons. Nous avons marché dans la bonne humeur, dans un temps glacial entouré de genêts tout en fleur et de bruyères aux milles couleurs, vraiment splendide ! C’est la première fois depuis que je suis parti où j’ai gardé mon vêtement en Goretex pour me protéger du vent et il en a été de même pour mon amie plus frileuse. Nous avons croisé au passage quelques pèlerins bien mal en point, et pour l’un de descendre en marche arrière à cause de tendinites meurtrières (2 jours plus tard, ce dernier abandonnera). En effet, le plus difficile dans ce relief, sont certaines montées mais surtout les descentes qui sont que des cailloux où il est pas évident pour un néophyte de choisir son passage et là dur les cuisses, les pieds, le dos, qui plus pour ceux et celles qui sont blessées. JE NE REPETERAIS JAMAIS ASSEZ , SANS UNE BONNE PREPARATION, LE MARCHEUR N’ARRIVE PAS AU TERME DE SON CHEMIN.

Sur notre chemin, un abri de protection en cas de condition climatique dangereuse, de petits villages perdus à flanc de montagne où des centaines de cloches aux cous des vaches déjà misent en alpage, vous accueillent. On se croirait vraiment en Haute-Savoie. C’est dans cette ambiance alpine que nous avons progressé, avec quelques haltes bien méritées pour grignoter un morceau de saucisson, manger des fruits et autres ingrédients salés pour alimenter les muscles. Puis nous avons croisé une sorte de gîte pour bohème en mal de société, tenu par un moine Hermite Espagnol avec sa bure décorée de la croix des Templiers. Personnage paraît-il mythique du chemin, où bon nombre de jeunes font une Halte de courte durée, pour d’autres surement de longue durée... le Larzac bis ! Nous avons aussi remarqué que sur le chemin Espagnol, beaucoup de personnes y vivent, où plus exactement vivent sur le chemin. D’un gîte à un autre, ils parcourent celui-ci, dorment au gré des accueils et mangent à la bonne volonté des donneurs etc.

Nous sommes arrivés à El Acebo, un mignon petit village de montagne, avec ses maisons aux toits en ardoises, pour nous arrêter au gîte Meson El Acebo, tenu par une Française, charmante, vive et accueillante. Comme d’habitude, un petit déjeuner sur le pouce avant le repas du soir, les massages, la visite et dodo. A demain !

59ème ETAPE : El Acebo à Ponferrada - 17 km

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Départ 7h00 pour Ponferrada et comme vous pouvez l’imaginer, frais le temps ce matin à cette altitude. Nous passerons par Riego de Ambros, Molibaseca, L’Hermita de San Roque, Campo et El Puenta Boeza avec son église de Santa Maria de Vizbayo magnifique.

Nous voilà donc en marche dans ce paysage montagnard, toujours aussi beau où des flots de pèlerins courent de tous les côtés ce matin, Pour cause ce sont principalement des Espagnols pressés d’en finir avec leur obligation de faire quelques kilomètres du chemin, soit pour leurs CV, soit pour l’obtention de leurs bourses universitaires (Quel business ! ce chemin Espagnol).

Le paysage n’a pas pu être apprécié à sa juste valeur car l’état de mon amie se dégrade petit à petit. Tout allait bien depuis 2 jours mais de nouvelles douleurs apparaissent maintenant dans les talons. Les tendinites changent de point de faiblesse, aussi, nous avançons calmement et avec prudence dans ce terrain accidenté. Nous nous arrêtons également très souvent afin que les pieds de mon amie se détendent, pour  éviter que la douleur s’intensifie.

Tant que nous étions sur les hauteurs, donc sur un terrain plat, la douleur des talons était à peut prêt supportable. Mais lorsque nous avons entamé la descente interminable vers notre destination, se fut une horreur pour elle. Ce n’est pas un chemin, c’est un tas de cailloux, des ravines, des rochers, bref ! Un chemin de croix parfait pour mon amie. Cette descente fut un enfer ! où elle avait l’impression de marcher sur des milliers d’aiguilles, tel un fakir.

Entre le rire et les larmes que dire de plus...prête à s’arrêter dans n’importe hôtel, du moment que sa douleur s’arrête. Compte tenu de l’état physique de mon amie, nous avions voulu réserver au gîte paroissial San Nicolas de Flueune qui nous a répondu au téléphone "Le gîte n’est pas un hôtel à touriste où le pèlerin paie pour avoir ce qu’il veut. La seule chose auquel il a droit, c’est un matelas si Dieu le veut sinon il continue son chemin. Mais la seule chose dont peut être sûr le pèlerin et qu’il n’a pas besoin de réserver, c’est la mort" Etrange accueil chrétien !

Ponferrada est ville féodale superbe, animée surplombée par ce magnifique château cathare. Un gîte familial dont j’ai oublié le nom, dans le cœur de la nouvelle ville, génial et très accueillant. Nous avons pu nous y reposer, visiter la ville, dîner en ville puis rejoindre les bras de Morphée.

NB: Voir, Ponferra à Saint Jacques de Compostelle pour la suite


ecrivain-1.gif L’esprit vient de la vie : il est dans les montagnes, les rivières,

                      l’herbe et les arbres...

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